Le dimanche 22 janvier 2023 est, cette année, le jour de 春节, chūn jié, la "fête du printemps" appelée aussi par les Occidentaux "le nouvel an chinois", traduction d'ailleurs très approximative des termes chinois 农历新年, nóng lì xīn nián, littéralement, "nouvel an du calendrier agricole". Je dis "cette année" parce que, pour ce peuple de tradition fondamentalement agricole, le printemps, 春天 , chūn tiān, commence le 1° jour du calendrier lunaire, lors de la deuxième nouvelle lune suivant le solstice d’hiver et avant la phase lunaire d'équinoxe du printemps raison pour laquelle sa date varie d'une année à l'autre. Comme dans le monde occidental, le passage à la nouvelle année (过年, guò nián) est, en Chine, une période festive qui donne lieu a diverses célébrations et réjouissances traditionnelles (cf., pour plus de détails, http://www.chine-culture.com/coutumes/comment-feter-le-nouvel-an-chinois.php). Mais disons deux mots de la saison de printemps 春天, chūn tiān, saison du (re-)commencement. .
dimanche 22 janvier 2023
lundi 12 décembre 2022
VIE, ÉNERGIE, CHAOS ET DOUCEUR.
La pensée occidentale a toujours eu un problème avec la notion de vie (cf. la Notion de Vie dans la Pensée Chinoise). En effet, obsédée depuis l'origine par l'alternative être/non-être, elle ne s'est quasiment jamais sérieusement intéressée au domaine du devenir par excellence que constitue la vie. De là une oscillation permanente entre l'ignorance méprisante de la part de la science (qui a tendance à ne voir dans la vie qu'une forme de mécanisme horloger perfectionné) et la fantaisie délirante de la part de la métaphysique (qui se plaît à en faire, soit un mystère transcendant, soit, tout au contraire, un mélodrame niais, une "pleurnicherie" comme le dit Frédéric Lordon). Du coup, comme l'ont remarqué un Nietzsche, un Bergson, un Proust ou un Wittgenstein, ce sont les artistes qui, en Occident, se sont vu confier le soin d'illustrer la vie. Ces derniers se sont, certes, fort bien acquittés de leur tâche mais ni les uns ni les autres ne se sont pas aperçus que deux pôles, apparemment aussi opposés, de la pensée humaine que sont les sagesses ancestrales pluri-millénaires et les avancées scientifiques les plus récentes ont elles aussi questionné la notion de vie. C'est donc sous ces deux faisceaux de lumière (qui, en réalité, ne font qu'un), plus précisément celui du taoïsme et celui de la physique quantique, que nous allons, à présent, tenter de l'éclairer.
mardi 4 octobre 2022
PARADOXE, SCEPTICISME ET SIDÉRATION.
S'il est vrai que "la philosophie est un combat contre la fascination que des formes d’expression exercent sur nous"(Wittgenstein, le Cahier Bleu, 27), il est une forme d'expression qui nous fascine depuis toujours et qui, par conséquent, mérite certainement de susciter l'entreprise philosophique : c'est l'expression paradoxale. Admettons avec Julien Dutant que l'"on peut définir un paradoxe comme une conclusion apparemment inacceptable dérivée de manière apparemment valide de prémisses apparemment acceptables". Le cas des paradoxes sorites étant particulièrement intéressant, je voudrais développer à présent deux points qui me paraissent importants : d'abord l'idée que les paradoxes sorites ne sont pas une conséquence du caractère vague de certains prédicats mais plutôt du caractère inexistant des sujets auxquels on attribue ces prédicats, aussi précis soient-ils ; ensuite je montrerai que le paradoxe en général n'est rien d'autre que la forme d'une figure rhétorique au moyen de laquelle la connaissance savante entend clouer le bec de l'opinion et, partant, la décourager d'agir en produisant un discours exclusif sur ce qu'il convient de qualifier ou non de "réalité".
jeudi 15 septembre 2022
LA NOTION D'"INTELLIGENCE ARTIFICIELLE" ET LE MYSTÈRE DE LA CHAMBRE CHINOISE.
vendredi 2 septembre 2022
LA NOTION DE VIE DANS LA PENSÉE CHINOISE.
L'une des propriétés de la pensée occidentale est d'avoir fait de la vie une énigme. Une énigme parce que, d'emblée, il faut lui donner un "sens" : d'où vient la vie ? pourquoi y a-t-il de la vie ? quelle est la finalité de la vie ? à quelle(s) condition(s) une vie vaut-elle la peine (!) d'être vécue ? À défaut de répondre à l'une de ces questions, le vivant serait censé se complaire dans l'absurde, au point même, lorsque ledit vivant est un être humain, de préférer, pourquoi pas, la mort à la vie ! N'est-ce pas d'ailleurs là le risque que fait peser l'énigme posée à Œdipe par la Sphinge ? L'absence de "sens" de la vie humaine n'entraîne d'ailleurs pas nécessairement sa suppression ipso facto mais, parfois aussi, sa mise entre parenthèses en attendant … une "autre vie" dans un "autre monde". Comment s'étonner alors que le suicide réel y soit souvent considéré comme un acte héroïque et le suicide différé (résignation, mortification) y soit devenu synonyme de "sagesse" ? De fait, rares sont les penseurs occidentaux qui, à l'instar d’un Épicure, d'un Spinoza, d'un Nietzsche ou d'un Bergson, ont, sans ambiguïté et à contre-courant dominant, fait l'apologie de la vie dans sa plus banale simplicité. Cependant, l'Occident n'ayant jamais été et étant moins que jamais le phare d'universalité éclairant le monde, il nous semble intéressant d'aller voir un peu du côté de cet "autre pôle de l'expérience humaine" comme le dit Simon Leys, en l'occurrence se tourner vers la Chine "la plus ancienne civilisation vivante de notre planète [et sa] vision du monde, [sa] façon de concevoir les rapports de l’homme avec l’univers"(Leys, Essais sur la Chine, pp. 739-576) afin d'y sonder, effectivement, une AUTRE conception de la vie.
lundi 25 octobre 2021
PAYSAGE CONTEMPLÉ, PAYSAGE SENTI, PAYSAGE VÉCU.
Dans un article intitulé Pratiques Sportives mises en Perspective (Alpes, Calanques Marseillaises), les auteurs, Aurélien Niel et Olivier Sirost annoncent avoir "pour objet d’introduire le concept de « paysage » dans le rapport que les sportifs entretiennent avec l’espace qu’ils investissent"1. D'entrée de jeu, ils affirment que "souvent considérés comme une soif de liberté, une recherche de calme ou d’aventure, les sports de pleine nature peuvent être également perçus comme une façon spécifique et toute contemporaine de faire l’expérience de la nature. Ils répondraient au « désir d’éprouver l’espace par tout son corps et de ne pas se contenter d’une attitude spectatoriale »". Cette remarque introductive, qui brille autant par ce qu'elle ne dit pas que par ce qu'elle dit, suggère l'abîme qui sépare les conceptions respectivement occidentale et chinoise de la notion de paysage et que révèle, notamment, la présence des deux mots-clés "liberté" et "expérience", très répandus dans le lexique occidental moderne mais sans équivalent littéral en chinois2. Je voudrais à cette occasion défendre l'idée qu'on peut, certes, appréhender un paysage à travers une "expérience de la liberté" au sens occidental courant de cette expression mais qu'on peut aussi, tout simplement, le "vivre" selon une conception toute différente de la relation de l'être humain au paysage, conception dont nous décèlerons néanmoins quelques traces dans l'évolution contemporaine de la tradition artistique occidentale.