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lundi 16 octobre 2006

ISLAMOPHOBIE

Dans Schmock ou le Triomphe du Journalisme (Seuil, 2001, p.33), Bouveresse écrit : "la seule de forme de liberté que la grande bataille pour la liberté de la presse a permis de conquérir est [...] contrairement à ce que l'on prétend, bien différente de la liberté de l'esprit, avec laquelle elle n'a plus guère de rapport, et se réduit en fait essentiellement à celle du marché, avec toutes les possibilités d'exploitation cynique de la crédulité de l'acheteur, de manipulation, de fraude, d'escroquerie et de tromperie sur la marchandise qui en résultent"(c'est moi qui souligne). Redeker a, de toute évidence, parfaitement compris comment tirer profits matériels et/ou symboliques du marché de la presse écrite et de la presse parlée, lui qui a signé pas moins de 469 articles ou émissions de radio depuis novembre 1993, dont 65 depuis le 1° janvier 2005 et 27 depuis le 1° janvier 2006 (source : http//www.robertredeker.net) ! Et comme il n'est guère de sujet qu'il n'ait abordé (du Tour de France à Internet, du coup de boule de Zidane à la Shoah, du film "les Choristes" à Antonin Artaud), la probabilité pour qu'il finisse par dire des conneries (ou plutôt des conneries lues par d'autres que lui-même) s'approchait asymptotiquement de 1. C'est ce que semble dire le Canard Enchaîné du 04/10/06 lorsque son éditorialiste commence son article (une Affaire Islamentable) par : "défendons le droit de dire des âneries". Or, dans le Figaro du 19/09/06, Redeker n'écrit pas des âneries ! Celui qui dit ou écrit des âneries ne maîtrise ni son sujet ni les règles de la communication de celui-ci, c'est un peu la grenouille qui veut se faire aussi grosse que le boeuf, et qui enfle si bien qu'elle en crève. Aussi l'ânerie suscite-t-elle le branlement de chef ou le haussement d'épaules, mais pas l'indignation, encore moins les menaces de mort. Contrairement à ce que semble croire le Canard Enchaîné, Redeker n’est pas, au sens de Pascal un demi-habile, mais bel et bien un habile. Car c'est très habilement qu’il exploite avec un art consommé les trois leviers de l’efficacité médiatique que sont la démagogie, la malhonnêteté et le goût du martyre.

La démagogie. D’abord Redeker hurle avec la meute anti-Arabe qui se déchaîne notamment depuis les attentats du 11/09/01, et dont les leaders ont pour nom Fallacci, Houellebecq et Ratzinger. Fallacci écrit dans la Rage et l’Orgueil (Plon, 2002, p.105-106) : "Ils sont partout et les plus aguerris sont précisément chez nous. La Croisade à l’Envers dure depuis trop longtemps, mon cher. Et elle est bien trop nourrie par la faiblesse de l’Occident, par la timidité de l’Occident, par la non-clairvoyance de l’Occident […]. Ses soldats, ses croisés, ont désormais conquis leurs positions et les tiennent comme leurs ancêtres tenaient l’Espagne et le Portugal du IX° au XIV° siècle. Ils sont de plus en plus, ils seront de plus en plus, ils voudront de plus en plus, et ceux qui, aujourd’hui, vivent sur notre territoire ne peuvent être considérés que comme des pionniers. Donc, négocier avec eux est impossible. Raisonner avec eux impensable. Les traiter avec indulgence ou tolérance ou bien espoir, un suicide. Et qui croit le contraire est un pauvre con". Et Redeker (le Figaro du 19/09/06) : "Ce sont des faiblesses qu’il [l'Islam] veut exploiter au moyen «d’idiots utiles», les bonnes consciences imbues de bons sentiments, afin d’imposer l’ordre coranique au monde occidental lui-même". Houellebecq affirme (Lire, septembre 2001, cité dans Geisser, la Nouvelle Islamophobie, la Découverte, 2003, p.43-44) : "La religion la plus con, c'est quand même l'islam. Quand on lit le Coran, on est effondré ... effondré ! La Bible au moins, c'est très beau, parce que les juifs ont un sacré talent littéraire ... ce qui peut excuser beaucoup de choses. Du coup, j'ai une sympathie résiduelle pour le catholicisme, à cause de son aspect polythéiste. Et puis il y a toutes ces églises, ces vitraux, ces peintures, ces sculptures ...". Et Redeker : "Quand le judaïsme et le christianisme sont des religions dont les rites conjurent la violence, la délégitiment, l’islam est une religion qui, dans son texte sacré même, autant que dans certains de ses rites banals, exalte violence et haine". Ratzinger explique (discours du 12 septembre 2006 à l'université de Ratisbonne, texte intégral sur www.Nouvelobs.com) : "L'empereur [Manuel II Paléologue]savait certainement que dans la sourate 2.256, il est écrit: "Pas de contrainte en matière de foi". Selon les spécialistes, il s'agit-là d'une des sourates primitives, datant d'une époque où Mahomet était encore sans pouvoir et se trouvait menacé. Mais l'empereur devait naturellement connaître aussi les instructions inscrites dans le Coran à une époque plus tardive, au sujet de la guerre sainte. Sans s'attarder sur les détails [sic!], telle que la différence de traitement entre les "Gens du Livre" et les "incroyants", il interpelle son interlocuteur d'une façon étonnamment abrupte au sujet des relations entre la religion et la violence en général, déclarant: "montre moi ce que Mahomet a apporté de neuf, et alors tu ne trouveras rien que de mauvais et d'inhumain, tel que son ordre de répandre par l'épée la foi qu'il prêchait." Après s'être exprimé avec tant de force, l'empereur s'attache à expliquer par le détail les raisons pour lesquelles propager la foi par la violence est absurde. La violence est incompatible avec la nature de Dieu et la nature de l'âme". Et Redeker : "Exaltation de la violence : chef de guerre impitoyable, pillard, massacreur de juifs et polygame, tel se révèle Mahomet à travers le Coran [...]. Haine et violence habitent le livre dans lequel tout musulman est éduqué, le Coran". On voit bien que Redeker n'invente rien : sous couvert d'expertise (journalistique, littéraire, théologique, philosophique), les uns et les autres ne font que servir au public le discours sécuritaire dans lequel il se reconnaîtra et dont il leur sera reconnaissant, sinon en achetant leur camelote, du moins en se soumettant à leur autorité. Comme le dit Geisser dans la Nouvelle Islamophobie (p.64) : "ce qui apparaissait, il y a encore quelques années, comme l'émanation d'une pensée xénophobe et marginale [...] acquiert désormais une publicité, voire une notoriété qui s'exercent comme une forme de "contrainte sociale" : tout intellectuel français, homme public ou penseur médiatique, se doit d'avoir un discours "responsable" sur l'islam et les musulmans, au risque d'être taxé d'islamophilie ou d'angélisme". Discours "responsable" qui consiste ici à faire une analyse comparative des "produits" proposés au consommateur sur le marché des religions (le citoyen moyen qui se pense comme idéal-type de modernité rationnelle adore ça !) en concluant, comme par hasard, que le meilleur est le produit déjà majoritairement choisi par le public ciblé par le message !

La malhonnêteté. A l'orateur qui se vante de parler de manière plus persuasive que quiconque sur quelque sujet que ce soit, Socrate répond séchement que "la rhétorique na aucun besoin de savoir ce que sont les choses dont elle parle ; elle a découvert un procédé qui sert à convaincre ; devant un public dignorants, elle a lair den savoir plus que nen savent les connaisseurs"(Platon, Gorgias, 459b). Il a l'air d'en savoir plus que les connaisseurs, précisément, celui qui prétend que "les réactions suscitées par lanalyse de Benoît XVI sur lislam et la violence sinscrivent dans la tentative menée par cet islam détouffer ce que lOccident a de plus précieux qui nexiste dans aucun pays musulman : la liberté de penser et de sexprimer" en réduisant l'islam (que le public visé assimile déjà spontanément au monde arabe) à la violence et en passant sous silence l'extraordinaire richesse intellectuelle du monde arabo-musulman dans des domaines aussi différents que la poésie, la littérature, l'architecture, la médecine, les mathématiques ou la philosophie. Pour être libre de penser et de s'exprimer, encore faut-il avoir matière à penser et à exprimer, et il n'est pas du tout certain que celle-ci soit hic et nunc mieux partagée que dans les contextes historico-géographiques des Omeyyades et des Abbassides. Et d'omettre que si les musulmans d'aujourd'hui sont en effet très largement privés de liberté de penser et de s'exprimer, c'est aussi peut-être parce que "ce sont les hommes qui sont les producteurs de leurs représentations, de leurs idées, etc., mais ce sont les hommes réels, au travail, tels quils sont conditionnés par un développement déterminé de leurs forces productives et du commerce qui leur correspond"(Marx et Engels, l'Idéologie Allemande). Malhonnêteté donc qu'insinuer sans gloire ni difficulté dans l'esprit d'un public tout prêt à y assentir, que c'est à cause du Coran que les musulmans ne peuvent ni penser ni s'exprimer, là où l'impérialisme occidental explique à soi seul tout à la fois le joug historique et la misère économique qui leur sont imposés. Cette malhonnêteté tourne au scandale lorsque Redeker n'hésite pas à souiller la mémoire de Rodinson, l'un des grands et des plus respectés islamologues de notre époque, en prétendant que "Maxime Rodinson énonce, dans lEncyclopédia Universalis, quelques vérités aussi importantes que taboues en France. Dune part, Muhammad révéla à Médine des qualités insoupçonnées de dirigeant politique et de chef militaire (...) Il recourut à la guerre privée, institution courante en Arabie (...) Muhammad envoya bientôt des petits groupes de ses partisans attaquer les caravanes mekkoises, punissant ainsi ses incrédules compatriotes et du même coup acquérant un riche butin". Ce qui a suscité cette réaction immédiate de Gresh, rédacteur au Monde Diplomatique : "quiconque connaît un peu loeuvre de Rodinson, sait à quel point ce résumé ne reflète absolument pas sa pensée. Rodinson, juif et agnostique, a écrit un livre sur le prophète de lislam, Mahomet (Points, Le Seuil), dans lequel il tente dexpliquer laction de Mahomet à travers une grille danalyse matérialiste. Cet ouvrage, souvent censuré dans le monde musulman, nen présente pas moins une vision respectueuse de lhomme que fut Mahomet, de son action. Rien à voir avec les raccourcis haineux de Robert Redeker"(www.monde-diplomatique.fr). A part le viol de sépulture, ce que Redeker pratique couramment, c'est l'oubli sélectif, par exemple que "la misère religieuse est à la fois lexpression de la misère réelle et, dautre part, la protestation contre cette mi­sère [...] ; la critique de la religion est ainsi virtuellement la critique de la vallée de larmes dont la religion est lauréole"(Marx, Critique de la Philosophie du Droit de Hegel). Autrement dit que si des déshérités sont prêts à se jeter dans quelque forme de fanatisme religieux que ce soit, c'est peut-être aussi parce que l'Islam est la seule institution sociale qui leur reste quand ils sont abandonnés par toutes les autres : n'est-il pas significatif que ce soit le Hezbollah (en arabe "parti de Dieu") qui assume toutes les fonctions d'un Etat libanais fantôme, y compris l'une des plus anciennes et spectaculaires, celle de faire la guerre ?

Le goût du martyre. Redeker stigmatise les Arabes et les Musulmans. Mais son statut d'intellectuel lui interdit d'ignorer qu'il s'expose à des réactions de la part de ceux qui, soit en raison de leur ignorance des processus institutionnels de recours contre la démagogie et la malhonnêteté, soit en raison de la confiance très limitée que ceux qui les connaissent leur accordent, ont toutes les chances d'être paroxystiques. Aussi compense-t-il ce risque, sans doute bien réel, en essayant de s'attirer la sympathie qui échoit naturellement à la victime et dont ne peut se prévaloir le bourreau. Dira-t-on que l'article incriminé est un brûlot islamophobe ? Pas si vite, car "un néologisme vient de tailler sa place de façon fracassante sur notre scène politique: " islamophobie ". Ce mot, proche accoustiquement de " xénophobie ", est autant destiné à faire peur - en évoquant subliminalement la haine, les persécutions, les discriminations - qu'à culpabiliser. Quelques uns voudraient le voir devenir synonyme de " racisme " et symétrique d' " antisémitisme ""(la Dépêche du Midi, 21/09/03). Redeker commence par insinuer le doute : attention, "islamophobie" sonne comme "xénophobie", mais c'est l'effet Canada Dry, l'islamophobie a la couleur, l'odeur et le goût de la xénophobie, mais ce n'est peut-être pas de la xénophobie. La preuve ? "L'amalagame entre l'islamophobie et le racisme est destiné à se retourner contre toute critique de la religion, si importante dans notre culture depuis Bayle et Voltaire, si importante aussi dans l'élaboration de l'idée républicaine"(ibid.). Autrement dit, moi (Redeker), représentant de l'universalité an-historique qui culmine dans notre modèle juridico-politico-socio-économique, et, en tant que tel, mandaté par l'humanité pour la sauver de la barbarie qui la menace, je suis, certes, islamophobe. Mais "l'attitude accusée d' islamophobie n'est pas du racisme dans la mesure où loin d'être la haine de tel ou tel peuple, elle est le refus véhément de ce que certains prêchent et veulent imposer au nom de l'Islam. Elle est le refus des aspects archaïques et incompatibles avec les valeurs républicaines que véhicule une certaine interprétation l'Islam"(ibid.). Donc : je suis islamophobe, mais je ne suis pas raciste. Ça ne vous rappelle rien, ça ? Souvenez-vous : "il est certain que d'avoir des Espagnols, des Polonais et des Portugais travaillant chez nous, ça pose moins de problèmes que d'avoir des musulmans et des Noirs [...] Comment voulez-vous que le travailleur français qui travaille avec sa femme et qui, ensemble, gagnent environ 15000 francs, et qui voit sur le palier à côté de son HLM, entassée, une famille avec un père de famille, trois ou quatre épouses, et une vingtaine de gosses, et qui gagne 50000 francs de prestations sociales, sans naturellement travailler... si vous ajoutez le bruit et l'odeur, hé bien le travailleur français sur le palier devient fou. Et ce n'est pas être raciste que de dire cela"(Chirac, Discours, 19/06/91). Bien sûr que non ! A la limite même celui qui le dit qui l'est ! Mais alors, si ce n'est pas être raciste que de dire que les arabes nous emmerdent, c'est que les accusations de racisme sont des manipulations idéologiques perpétrées par les barbares eux-mêmes qui avancent masqués : "l’islam essaie d’imposer à l’Europe ses règles : ouverture des piscines à certaines heures exclusivement aux femmes, interdiction de caricaturer cette religion, exigence d’un traitement diététique particulier des enfants musulmans dans les cantines, combat pour le port du voile à l’école, accusation d’islamophobie contre les esprits libres"(le Figaro, 19/09/06). Le fin mot de l'histoire est lâché. Moi (Redeker), esprit libre devant l'Eternel, je suis victime d'un complot islamiste : "les islamistes voient dans la bataille du vocabulaire un enjeu d'importance. Le terme d'islamophobie cache le piège tendu aux institutions laïques par les intégristes musulmans pour empêcher la critique de la religion tout en soumettant des segments de l'existence sociale (spécialement celle des femmes) à une emprise totalitaire"(la Dépêche du Midi, 21/09/03). Et bien entendu, ce complot est d'une ampleur insoupçonnée ! Comme avant-hier les Juifs et hier les staliniens, aujourd'hui ce sont les islamistes qui infectent les esprits : "Hier, la voix des pauvres prétendait venir de Moscou, aujourd’hui elle viendrait de La Mecque ! Aujourd’hui à nouveau, des intellectuels incarnent cet oeil du Coran, comme ils incarnaient l’oeil de Moscou hier. Ils excommunient pour islamophobie, comme hier pour anticommunisme"(le Figaro, 19/09/06). Bref, Redeker est un martyr. C.Q.F.D. Et comme déjà Fallacci, Houellebecq, Ratzinger, ou Chirac, sa fortune (ici-bas ou dans l'autre monde) est faite !

As-salâmu 'alaykum ! Que la paix soit sur vous ! C'est ainsi que se saluent les barbares !