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dimanche 9 janvier 2011

NOS RAPPORTS SOCIAUX SONT-ILS NATURELS ?

CORRIGÉ DU D.M.C

C3 – L'échange marchand tourné vers le profit est-il naturel ?

Les économistes ont une singulière manière de procéder. Il n’y a pour eux que deux sortes d’institutions : celles de l’artifice et celles de la nature. Par exemple, les institutions féodales sont artificielles, mais les institutions bourgeoises1 sont naturelles. Ils ressemblent en ceci aux théologiens pour qui toute religion qui n’est pas la leur est une invention des hommes, tandis que leur propre religion est une religion naturelle puisqu’elle émane de Dieu. En disant que les rapports sociaux actuels, ceux de la production capitaliste, sont naturels, les économistes font entendre que ce sont là des rapports dans lesquels se crée la richesse et se développent les forces productives conformément aux lois de la nature, selon des lois indépendantes de l’influence du temps. [Or] l’histoire montre qu’un mode de production, les rapports dans lesquels les forces productives se développent, ne sont pas des lois éternelles, mais qu’ils correspondent à un développement déterminé des hommes et de leurs forces productives, et qu’un changement survenu dans les forces productives des hommes amène nécessairement un changement dans leurs rapports de production [dans leurs rapports sociaux]. Mais comme il importe avant tout de ne pas être privé des fruits de la production, [la classe dominante] devient nécessairement conservatrice.
Marx – Misère de la Philosophie

1 - A quelle idée l'auteur s'oppose-t-il et quelle idée défend-il ?
Marx s'oppose à l'idée que nos institutions économiques et sociales, en particulier celle de la recherche du profit marchand, seraient naturelles. Il défend au contraire l'idée que toutes nos institutions sont engendrées par l'histoire.

2 - Expliquer :
- "ils ressemblent en ceci aux théologiens pour qui toute religion qui n’est pas la leur est une invention des hommes, tandis que leur propre religion est une religion naturelle puisqu’elle émane de Dieu"
- "mais comme il importe avant tout de ne pas être privé des fruits de la production, [la classe dominante] devient nécessairement conservatrice".
Première phrase : Marx établit ici une analogie (cf. texte B2, question 8) entre l'économiste et le théologie. L'économiste, dit-il, est aux institutions économiques et sociales ce que le théologien est à la religion. Le théologien est quelqu'un qui étudie la divinité dans le cadre d'une religion particulière. Ainsi, le théologie chrétien étudie le Dieu du christianisme, le théologien musulman le Dieu de l'islam et le théologie juif le dieu du judaïsme. Or, pour chacun d'entre eux, il y a le "vrai Dieu", le leur, et la "vraie religion", la leur, qui émane nécessairement du "vrai Dieu". Tandis que les autres religions sont alors considérées comme des inventions artificielles des hommes. Il en va de même, nous dit Marx, pour les économistes. Cette fonction, qui est nouvelle au moment où écrit Marx (milieu du XIX° siècle), consiste en effet à faire systématiquement l'éloge des institutions bourgeoises ou capitalistes, celles du système économique né de la révolution industrielle, fondé sur l'échange marchand et tourné vers le profit individuel et à blâmer les institutions féodales correspondant au système économique qui s'est développé au Moyen-Âge et qui était fondé sur le servage (esclavage). Les économistes se comportent donc, effectivement, comme des théologiens. Marx dira d'ailleurs souvent que l'économie est une sorte de religion du capitalisme.
Deuxième phrase : pour Marx, il n'y a pas d'institution naturelle, c'est-à-dire conforme "aux lois de la nature, selon des lois indépendantes de l’influence du temps". Toute institution correspond, au contraire, "à un développement déterminé des hommes et de leurs forces productives". En reprenant l'analogie entre l'économiste et le théologien, on pourrait dire que, de même que ce n'est pas Dieu mais les hommes qui créent la religion, de même, ce n'est pas la nature mais les hommes qui créent les institutions. Pour Marx, tout le monde sait cela : il suffit de s'intéresser à l'histoire pour voir "qu’un changement survenu dans les forces productives des hommes amène nécessairement un changement dans leurs rapports de production [dans leurs rapports sociaux]". En particulier, le passage du système socio-économique féodal au système capitaliste (ou bourgeois) n'a été possible que parce que la classe bourgeoise (celle du commerce et des affaires) s'est avérée révolutionnaire et a fini par imposer, contre la classe aristocratique (la noblesse), sa conception des rapports de production et, donc, des rapports sociaux. Pour Marx, la bourgeoisie est donc bien placée pour savoir que les institutions sont déterminées par l'histoire et non pas par la nature. Oui mais, une fois que la bourgeoisie est devenue la classe dominante du système capitaliste, comme ce système fonctionne désormais à son profit, il vaut mieux pour elle qu'elle croie et qu'elle fasse croire que les lois du capitalisme sont "des lois éternelles". Bref, dans son intérêt, il est préférable qu'elle devienne conservatrice.

3 – En quoi consiste l’histoire, pour Marx ?
On vient de donner un exemple de ce qui, pour Marx, est historiquement pertinent. Une certaine classe est dominante à un moment donné. C'est-à-dire que le système socio-économique fonctionne à son profit. Les autres classes lui sont donc subordonnées en étant exploitées par la classe dominante à la fois du point de vue matériel (elles occupent des tâches d'exécution et non de décision au sein du processus de production et, surtout, elles ont la plus petite partie dans le partage des richesses ainsi produites), et du point de vue intellectuel (on leur fait croire que les rapports actuels de production et de répartition des richesses sont les meilleurs possibles car ils sont "naturels", tous les autres étant réputés "artificiels"). Par exemple, la classe bourgeoise, dominante dans le système capitaliste, va exploiter la classe des travailleurs. Seulement, l'inégalité des conditions sociales, économiques et politiques va créer des tensions de plus en plus forte qui vont bientôt menacer l'hégémonie de la classe dominante. Dès lors, ou bien celle-ci fera des concessions afin de sauvegarder sa suprématie, et la classe dominée bénéficiera alors d'avancées sociales telles que nous les avons connues lors des Trente Glorieuses (1945-1975), ou bien les concessions sont inexistantes, insuffisante ou trop tardives et on se retrouve en situation révolutionnaire (comme en France en 1789 ou en Russie en 1917), auquel cas l'ancienne classe dominante est déchue de son statut et une autre prend sa place. Voilà en quoi consiste l'histoire pour Marx. "L'histoire, des commencements jusqu'à nos jours, dit-il, est l'histoire de la lutte des classes".

Dissertation : nos rapports sociaux sont-ils naturels ?

A - ANALYSE DU SUJET.

A1 : répondre dans un premier temps à la question posée du point de vue de tous les philosophes étudiés qui semblent contribuer à apporter des éléments de réponse.

Freud : les rapports sociaux sont naturels lorsque c’est le ça qui est en jeu, et ils sont culturels lorsque c’est le moi ou le surmoi qui sont en jeu (C1).
La partie la plus fondamentale de notre personnalité, c’est le ça, dont la fonction est de satisfaire toutes les excitations provenant du corps (pulsions). Et comme la satisfaction d’une pulsion s’accompagne nécessairement de plaisir, le principe de fonctionnement du ça est donc le principe de plaisir. Ce principe signifie que la règle de base du fonctionnement du psychisme humain, est une règle inconsciente qui exige simplement d’éprouver du plaisir et d’éviter la frustration. Donc, en ce que chaque être humain est avant tout un organisme biologique animal qui exige d’éprouver du plaisir en satisfaisant ses pulsions, nos rapports sociaux sont naturels. Il est donc, en particulier, naturel de rechercher le plaisir avec un partenaire sexuel, et il est tout aussi naturel d’éprouver de l’agressivité à l’égard de certains de nos semblables, de même qu’il est naturel de se nourrir ou de chercher à se protéger. Le problème est que mon ça, s’il n’était livré qu’à lui-même, ne se conformant qu’au simple principe de plaisir, serait insatiable et entrerait nécessairement dans un conflit sans merci avec tous les autres ça qui, étant plus nombreux, auraient toujours le dessus. Bref, mon ça s’auto-détruirait. C’est pourquoi le ça inconscient a besoin, pour éviter autant que possible le conflit, d’une sorte d’ambassadeur conscient auprès des autres ça, afin de tenter de satisfaire les pulsions du ça, mais d’une manière qui soit compatible avec les exigences de tous les autres ça, bref, qui soit compatible avec la vie en communauté. Cet ambassadeur conscient, c’est le moi qui envisage toujours les moyens les plus efficaces pour que les pulsions du ça soient satisfaites, non selon le simple principe de plaisir, puisque celui-ci mène à une impasse, mais selon le principe de réalité. Celui-ci consiste en ce que certaines pulsions (notamment les pulsions agressives et les pulsions sexuelles) ne seront satisfaites que de manière différée, à la fois dans le temps (la pulsion ne se satisfait pas forcément à l’instant même où elle se manifeste) et dans la manière (une pulsion sexuelle ou agressive ne sera pas forcément satisfaite de manière sexuelle ou agressive). Parmi les processus de satisfaction différée des pulsions, il y en a un qui est particulièrement efficace pour tisser du lien social : ce que Freud appelle la sublimation. Par exemple, lorsque le moi fait consciemment, de la politique, il satisfait de manière différée des pulsions sexuelles ou agressives qui, autrement, ne pourraient pas être satisfaites. Donc, dans la mesure où les relations sociales font appel au moi conscient, nos rapport sociaux ne sont pas naturels, mais au contraire, commandés par la culture d’une société donnée (on ne sublime pas ses pulsions de la même manière en tout lieu et en toute époque). Or, pour que le moi conscient puisse remplir correctement sa fonction, il doit obéir non seulement au ça, mais également au surmoi qui est l'intériorisation psychique, à la suite du processus d'éducation, de toutes les normes sociales. En effet, c'est le surmoi qui censure les pulsions du ça et qui, le cas échéant, les refoule lorsqu'elles sont incompatibles avec les normes sociales ambiantes. Et c'est donc aussi le surmoi qui autorise certaines des pulsions qui ont été préalablement refoulées à être satisfaites de manière différée (par exemple à travers le processus de sublimation). C'est enfin le surmoi qui, lorsqu'il ne trouve pas de solution pour satisfaire indirectement les pulsions refoulées, est responsable des névroses, c'est-à-dire de ces malaises pour lesquels on ne décèle pas de cause organique. Donc, en tant que nous nous référons à des normes sociales, que ce soit inconsciemment par l'imitation (le plus souvent) ou que ce soit consciemment par la réflexion, nos rapports sociaux sont à la fois naturels et culturels.

Aristote : nos rapports sociaux sont naturels en ce qu’ils découlent de la nature de l’homme comme animal politique (C2).
Pour Aristote, la nature d'un être c'est ce vers quoi il tend, c'est son plus haut degré de perfection, ou encore c'est ce qui peut se tirer de meilleur à partir de sa matière. Par exemple, la nature d'une chaise, c'est la forme que lui donne l'artisan à partir de sa matière (le bois) et qui autorise que l'on s'y assoie pour s'y reposer. De même, la nature d'un homme, c'est d'être un animal politique. Ce qui veut dire que le plus haut degré de perfection que l'on puisse tirer d'un homme, ou encore, la forme la plus parfaite que l'on puisse tirer de sa matière animale, c'est qu'il fasse partie d'une Cité (en grec polis, qui a donné "politique"). En effet, on remarque qu'un être est un naturellement un animal politique, un animal vivant dans une Cité, à ce qu'il est capable de parler pour communiquer des informations concernant, non pas seulement la survie immédiate comme le font les animaux avec le cri, mais l'amélioration de la vie. Un animal politique est donc un animal qui, à ce titre, est capable de crier pour sauvegarder sa vie (par exemple lorsque nous crions "au feu !", "au secours !", etc.), mais qui est aussi capable de prendre le temps de réfléchir à ce qui est susceptible de rendre la vie meilleure en communiquant des informations sur ce qui est juste ou injuste, utile ou nuisible, etc. Donc, dès lors qu'un être a le loisir de parler, c'est-à-dire qu'il n'est pas pressé par la nécessité de survivre, cet être est naturellement un animal politique. Du coup, dès lors que nous parlons, que nous réfléchissons, que nous raisonnons (en grec, c'est le même mot, logos, qui désigne la parole et la raison), nous établissons des rapports sociaux qui sont naturels en ce que nous nous comportons en animal politique. Et si nous nous agressons, nous menaçons, nous insultons, nos rapports sociaux sont encore naturels, sauf que nous nous comportons alors en créature inférieure à l'homme. Car, précise Aristote, l'être qui ne fait partie d'aucune Cité, celui qui n'a pas de rapports sociaux impliquant le langage, par nature et non par accident, est une créature supérieure ou inférieure à l'homme, mais toujours par nature. On en déduit que, pour Aristote, le terme "naturel" ne s'oppose pas au terme "culturel", mais au terme "accidentel". Par exemple, un ermite, un prisonnier, un sans domicile fixe, un handicapé physique, un trisomique, etc., s'ils sont exclus de la Cité, c'est à la suite d'un accident quelconque (pouvant être pré-natal comme dans le cas du trisomique). En ce sens, ils sont quand même des animaux politiques par nature. Certes, il est toujours possible de trouver des êtres humains n'ayant pas de rapports sociaux, mais cela est accidentel et non pas naturel. Quant aux autres animaux, ils ont également, par nature, des rapports sociaux fondés sur le cri. Bref, les rapports sociaux sont toujours naturels.

Marx : nos rapports sociaux ne sont pas naturels, mais ils sont déterminés par les changements de modes de production engendrés par l’histoire, c’est-à-dire par la lutte des classes (C3).
Marx critique sévèrement ceux qui considèrent que nos rapports sociaux sont naturels. Ils se comportent, dit-il comme des théologiens qui pensent que leur propre religion serait naturelle dans la mesure où, elle seule, émane du vrai Dieu, tandis que toutes les autres religions seraient artificielles en ce qu'elles émaneraient des superstitions païennes et idolâtres des hommes. C'est ainsi, dit Marx, que raisonnent les économistes en système capitaliste : ils sont persuadés que les rapports sociaux fondés sur la recherche du plus grand profit individuel par l'exploitation de la force de travail d'autrui, appartiennent à la nature humaine. Tandis que, pour eux, les rapports sociaux fondés sur l'auto-suffisance (comme dans l'antiquité) ou sur l'effort de guerre (comme au Moyen-Âge) sont des rapports sociaux artificiels. Le problème c'est que, de même que les théologiens se contredisent mutuellement en considérant que seule, leur propre religion est naturelle, les économistes se contredisent mutuellement aussi en proclamant que seul, leur propre mode de production est naturel ! Or, pour Marx, les uns et les autres ont tort. En effet, de toute éternité, les hommes ont cherché à produire leurs moyens d'existence au sein de modes de production cohérents et efficaces. Et comme la cohérence et l'efficacité de tout système économique exige qu'il se dégage une classe dirigeante, au cours du temps, la classe dirigeante a toujours eu tendance à profiter de la situation et à devenir la classe dominante. Or, comme toute classe dominante cherche à justifier, à préserver et, si possible, à amplifier son statut de classe dominante, tout système économique a toujours produit l'illusion qu'il est le meilleur possible, bref, qu'il est parfaitement naturel. Le problème c'est que, au cours du temps, les classes dominées l'ont rarement entendu de cette oreille et ont toujours, au contraire, lutté contre le pouvoir dominant, soit par la révolution (par exemple la classe bourgeoise qui prend le pouvoir en France à la suite de la révolution de 1789), soit par la contestation (par exemple la classe bourgeoise qui prend le pouvoir en Angleterre par la menace de la révolution). D'où la formule de Marx selon laquelle l'histoire, depuis les commencements jusqu'à nos jours, a toujours été l'histoire de la lutte des classes. Ce qui veut dire que l'histoire est un perpétuel changement de modes de production économique (par exemple, le système capitaliste est celui qui est instauré par la bourgeoisie, c'est-à-dire la nouvelle classe dominante aux XVIII° et XIX° siècles), et donc une perpétuelle modification de nos rapports sociaux. Bref l'individualisme égoïste n'est pas plus naturel que le collectivisme altruiste, le fait d'avoir besoin d'argent pour vivre n'est pas plus naturel que le fait de vivre sans argent, la démocratie n'est pas plus naturelle que n'importe quel autre régime politique.

A2 : sélection, choix des points de vue et classement par ordre préférentiel.
Je choisis par exemple (ce n'est qu'un exemple, il y a d'autres choix possibles)
- 1° Aristote
- 2° Marx
- 3° Freud

B - INTRODUCTION.

Nos rapport sociaux sont-ils naturels ? (question sujet)
Apparemment, l'homme n'est-il pas naturellement un être sociable ? Pour autant, la forme de nos rapports sociaux n'a-t-elle pas profondément évolué au cours de l'histoire ? Cela dit, n'y a-t-il pas, dans notre personnalité sociale, un aspect naturel et un aspect culturel ? (problématique)
Nous allons voir que, apparemment, l'homme est par nature un animal politique, c'est-à-dire un être qui ne se réalise pleinement que dans une Cité. Pour autant, l'histoire montre que nos rapports sociaux ont été profondément transformés par les changements de modes de production sous l'effet de la lutte des classes. Cela dit, selon que nos rapports sociaux sont gouvernés par le ça, par le moi ou par le surmoi, ils sont naturels, culturels, ou les deux à la fois. (annonce du plan)


C - DÉVELOPPEMENT.


I - Apparemment, l'homme est par nature un animal politique, c'est-à-dire un être qui ne se réalise pleinement que dans une Cité. (titre de la 1° partie, cf. annonce du plan)

En général, quand on parle de nature d'un être, on veut signifier une qualité innée, voire une qualité d'origine divine.(amorce 1° partie)

Or, pour Aristote, la nature d'un être c'est ce vers quoi il tend, c'est son plus haut degré de perfection, ou encore c'est ce qui peut se tirer de meilleur à partir de sa matière : "la nature d'un être, ce vers quoi il tend [...], c'est la forme qui est tirée de sa matière"(Aristote, Physique). Par exemple, la nature d'une chaise, c'est la forme que lui donne l'artisan à partir de sa matière (le bois) et qui autorise que l'on s'y assoie pour s'y reposer. De même, la nature d'un homme, c'est d'être un animal politique. Ce qui veut dire que le plus haut degré de perfection que l'on puisse tirer d'un homme, ou encore, la forme la plus parfaite que l'on puisse tirer de sa matière animale, c'est celle de citoyen (du latin civitas, Cité), autrement dit, qu'il fasse partie d'une Cité (en grec polis, qui a donné "politique") : "il est donc évident que la Cité est du nombre des choses qui sont dans la nature, que l’homme est naturelle­ment un animal politique destiné à vivre en société"(Aristote, Politique).

Ce qui permet de dire avec certitude qu'un être est naturellement un animal politique, un animal vivant dans une Cité, c'est qu'il est capable de parler pour communiquer des informations concernant, non pas seulement la survie immédiate comme le font les animaux avec le cri, mais l'amélioration de la vie. Un animal politique est donc un animal qui, à ce titre, est capable de crier pour sauvegarder sa vie (par exemple lorsque nous crions "au feu !", "au secours !", etc.), mais qui est aussi capable de prendre le temps de réfléchir à ce qui est susceptible de rendre la vie meilleure en communiquant des informations sur ce qui est juste ou injuste, utile ou nuisible, etc. : "la parole a pour but de faire comprendre ce qui est utile ou nuisible et, par conséquent aussi, ce qui est juste ou injuste. Or, avoir de telles notions en commun, c’est ce qui fait une famille et une Cité"(Aristote, Politique). Donc, dès lors qu'un être a le loisir de parler, c'est-à-dire qu'il n'est pas pressé par la nécessité de survivre, cet être est naturellement un animal politique. Du coup, dès lors que nous parlons, que nous réfléchissons, que nous raisonnons (en grec, c'est le même mot, logos, qui désigne la parole et la raison), nous nous comportons en animaux politiques et établissons des rapports sociaux qui sont naturels. Des rapports sociaux qui, naturellement, tendent vers le mieux-être.
Mais, même en admettant que nos rapports sociaux soient essentiellement agressifs, voire destructifs, ils seraient encore naturels, sauf que nous nous comporterions alors en créature inférieure à l'homme. Car, précise Aristote, l'être qui, par nature et non par accident, ne fait partie d'aucune Cité, celui qui n'a pas de rapports sociaux fondés sur le loisir et la vie bonne et impliquant le langage, celui-là est une créature supérieure ou inférieure à l'homme : "celui qui, par sa nature et non par l’effet de quelque cir­constance, ne fait partie d’aucune Cité, est une créature dégradée ou supérieure à l’homme"(Aristote, Politique). Par exemple, un ermite, un prisonnier, un sans domicile fixe, un handicapé physique, un trisomique, etc., s'ils sont exclus de la Cité, c'est à la suite d'un accident quelconque (pouvant être pré-natal comme dans le cas du trisomique). En ce sens, ils sont quand même des animaux politiques par nature. Donc, s'il est toujours possible de trouver des êtres humains n'ayant pas ou peu de rapports sociaux tournés vers le mieux-être, cela demeure, chez eux, accidentel et non pas naturel. Ou bien, si on tient à ce que les rapports sociaux conflictuels, belliqueux, soient naturels, alors il faut admettre qu'on n'a plus là affaire à des hommes, mais à des sur-hommes ou des sous-hommes. (arguments principaux et secondaires de la 1° partie)

Donc, pour Aristote, nos rapports sociaux, qu'ils soient humains ou inhumains, sont toujours naturels. (bilan de la 1° partie)

Mais justement, admettre que nos rapports sociaux naturels peuvent être profondément altérés par des accidents, n'est-ce pas admettre aussi que nos rapports sociaux, au fond, n'ont rien de naturel ? (transition entre la 1° et la 2° partie)

II - Pour autant, l'histoire montre que nos rapports sociaux ont été profondément transformés par les changements de modes de production sous l'effet de la lutte des classes. (titre de la 2° partie, cf. annonce du plan)

En effet, Aristote est un philosophe de l'antiquité grecque. Or, la naissance de l'histoire avec Hérodote et Thucydide est à peu près contemporaine de la naissance de la philosophie avec Socrate et Platon. On peut donc dire que les Grecs n'ont pas suffisamment de recul historique pour se rendre compte de ce que nous, nous savons, à savoir de l'influence continuelle des événements historiques sur nos rapports sociaux. (j'annonce ici pourquoi Aristote est critiquable)

Marx, en effet, critique sévèrement ceux qui considèrent que nos rapports sociaux sont naturels. Ils se comportent, dit-il comme des théologiens qui pensent que leur propre religion serait naturelle dans la mesure où, elle seule, émanerait du vrai Dieu, tandis que toutes les autres religions seraient artificielles en ce qu'elles émaneraient des superstitions païennes et idolâtres des hommes : "les économistes ont une singulière manière de procéder [...]. Ils ressemblent en ceci aux théologiens pour qui toute religion qui n’est pas la leur est une invention des hommes, tandis que leur propre religion est une religion naturelle puisqu’elle émane de Dieu"(Marx, Misère de la Philosophie). C'est ainsi, dit Marx, que raisonnent les économistes en système capitaliste : ils sont persuadés que les rapports sociaux fondés sur la recherche du plus grand profit individuel par l'exploitation de la force de travail d'autrui, appartiennent à la nature humaine. Tandis que, pour eux, les rapports sociaux fondés sur l'auto-suffisance (comme dans l'antiquité) ou sur l'effort de guerre (comme au Moyen-Âge) sont des rapports sociaux artificiels : "les institutions féodales sont artificielles, mais les institutions bourgeoises sont naturelles [...]. En disant que les rapports sociaux actuels, ceux de la production capitaliste, sont naturels, les économistes font entendre que ce sont là des rapports dans lesquels se crée la richesse et se développent les forces productives conformément aux lois de la nature, selon des lois indépendantes de l’influence du temps."(Marx, Misère de la Philosophie). Si Marx, philosophe du XIX° siècle, vivait aujourd'hui, il constaterait que rien n'a changé de nos jours : l'économie capitaliste fondée sur la recherche égoïste du profit, pensent la majorité des économistes est le seul système qui convienne à la nature de l'homme.

Le problème c'est que, de même que les théologiens se contredisent mutuellement en considérant que seule, leur propre religion est naturelle, les économistes actuels se contredisent mutuellement aussi puisque, parmi eux, les partisans de la régulation (keynésiens) et les partisans de la dérégulation (libéraux) proclament que seule, leur propre doctrine est naturelle ! Or, pour Marx, les uns et les autres ont tort. En effet, de toute éternité, les hommes ont cherché à produire leurs moyens d'existence au sein de modes de production cohérents et efficaces. Et comme la cohérence et l'efficacité de tout système économique exige qu'il se dégage une classe dirigeante, au cours du temps, la classe dirigeante a toujours eu tendance à profiter de la situation et à devenir la classe dominante. Or, comme toute classe dominante cherche à justifier, à préserver et, même, si possible, à étendre son statut de classe dominante, tout système économique doit toujours nécessairement produire l'illusion qu'il est le meilleur possible au motif qu'il est le seul à être parfaitement naturel : "comme il importe avant tout de ne pas être privé des fruits de la production, [la classe dominante] devient nécessairement conservatrice"(Marx, Misère de la Philosophie). Bref, l'idée que le système économique en cours, quel qu'il soit, est parfaitement naturel est une idée de la classe dominante.

La preuve, c'est que, en tout temps, les classes dominées l'ont rarement entendu de cette oreille et ont toujours, au contraire, lutté contre le pouvoir dominant, soit par la révolution (par exemple la classe bourgeoise qui prend le pouvoir en France à la suite de la révolution de 1789), soit par la contestation (par exemple la classe bourgeoise qui prend le pouvoir en Angleterre par la menace de la révolution). D'où la formule de Marx selon laquelle l'histoire, depuis les commencements jusqu'à nos jours, a toujours été l'histoire de la lutte des classes. Ce qui veut dire que l'histoire est un perpétuel changement de modes de production économique (par exemple, le système capitaliste est celui qui est instauré par la bourgeoisie, c'est-à-dire la nouvelle classe dominante aux XVIII° et XIX° siècles), et donc une perpétuelle modification de nos rapports sociaux : "l’histoire montre qu’un mode de production, les rapports dans lesquels les forces productives se développent, ne sont pas des lois éternelles, mais qu’ils correspondent à un développement déterminé des hommes et de leurs forces productives, et qu’un changement survenu dans les forces productives des hommes amène nécessairement un changement dans leurs rapports de production [donc dans leurs rapports sociaux]"(Marx, Misère de la Philosophie). (arguments principaux et secondaires de la 2° partie)

En d'autres termes, l'individualisme égoïste n'est pas plus naturel que le collectivisme altruiste, le fait d'avoir besoin d'argent pour vivre n'est pas plus naturel que le fait de vivre sans argent, la démocratie n'est pas plus naturelle que n'importe quel autre régime politique, etc. (bilan de la 2° partie)

Or, ne pourrait-on pas objecter à Marx, que malgré les profondes transformations historiques qu'on subies nos rapports sociaux, il reste cependant de grands invariants qui appartiennent à la nature humaine ? (transition entre la 2° et la 3° partie)

III - Cela dit, selon que nos rapports sociaux sont gouvernés par le ça, par le moi ou par le surmoi, ils sont naturels, culturels, ou les deux à la fois. (titre de la 3° partie, cf. annonce du plan)

Certes, comme le souligne Marx, les rapports sociaux de l'époque antique ne sont pas ceux de l'époque féodale, ni ceux de l'époque moderne. Cependant, Aristote a raison de faire remarquer que les hommes vivent toujours dans des communautés politiques, se font toujours la guerre, etc. Et Marx lui-même pourrait ajouter qu'il y a toujours une classe qui tente de dominer la vie sociale. Tout cela, précisément, n'a pas changé au cours des âges. Ce qui tendrait à prouver qu'il y a quand même des aspects naturels et invariants dans nos rapports sociaux. (j'annonce ici pourquoi Aristote et Marx sont tous les deux critiquables)

La partie la plus fondamentale de la personnalité humain, c’est le ça, nous dit Freud, dont la fonction est de satisfaire toutes les excitations provenant du corps (pulsions). Et comme la satisfaction d’une pulsion s’accompagne nécessairement de plaisir, le principe de fonctionnement du ça est donc le principe de plaisir : "le ça tend seulement à satisfaire les be­soins pulsionnels, en se conformant au principe de plaisir. Les processus qui s’y déroulent n’obéissent pas aux lois logiques de la pensée : pour eux, le principe de contradiction n’existe pas, [aussi] le ça ignore-t-il les jugements de valeur, le bien, le mal, la morale"(Freud, Nouvelles Conférences sur la Psychanalyse). Ce principe signifie que la règle de base du fonctionnement du psychisme humain, est une règle qui exige simplement d’éprouver du plaisir et d’éviter la frustration par la satisfaction des besoins du corps signalés par les pulsions qui sont leurs représentants psychiques. Et comme cette règle est commune à tout organisme biologique animal, en tant que nos rapports sociaux sont des rapports entre organismes biologiques animaux exigeant d’éprouver du plaisir en satisfaisant des pulsions, nos rapports sociaux sont naturels. Il est donc, en particulier, naturel de rechercher le plaisir avec un partenaire sexuel, et tout aussi naturel d’éprouver de l’agressivité à l’égard de certains de nos semblables, de même qu’il est naturel de se nourrir ou de chercher à se protéger.

Le problème, c'est que "boire sans soif et faire l'amour en tout temps, Madame, il n'y a que ça qui nous distingue des autres bêtes"(Beaumarchais, le Mariage de Figaro, II, 21). Dès lors, mon ça, s’il n’était livré qu’à lui-même, ne se conformant qu’au simple principe de plaisir, serait insatiable et entrerait nécessairement dans un conflit sans merci avec tous les autres ça qui, étant plus nombreux, auraient toujours le dessus. Bref, mon ça s’auto-détruirait : "le ça, aspirant aveuglément aux satisfactions des pulsions, viendrait imprudemment se briser contre cette force extérieure plus puissante que lui."(Freud, Nouvelles Conférences sur la Psychanalyse). C’est pourquoi le ça inconscient a besoin, pour éviter autant que possible le conflit, d’une sorte d’ambassadeur conscient auprès des autres ça, afin de tenter de satisfaire les pulsions du ça, mais d’une manière qui soit compatible avec les exigences de tous les autres ça, bref, qui soit compatible avec la vie en communauté. Cet ambassadeur conscient, c’est le moi qui envisage toujours les moyens les plus efficaces pour que les pulsions du ça soient satisfaites, non selon le simple principe de plaisir, puisque celui-ci mène à une impasse, mais selon le principe de réalité.

Celui-ci consiste en ce que certaines pulsions (notamment les pulsions agressives et les pulsions sexuelles) ne seront satisfaites que de manière différée, à la fois dans le temps (la pulsion ne se satisfait pas forcément à l’instant même où elle se manifeste) et dans la manière (une pulsion sexuelle ou agressive ne sera pas forcément satisfaite de manière sexuelle ou agressive) : "le moi a pour mission d’être le représentant du monde extérieur aux yeux du ça, et pour le plus grand bien de ce dernier […]. Ainsi, le principe de plaisir, qui domine de façon absolue dans le ça, est-il détrôné par le principe de réalité, plus propre à as­surer sa sécurité et sa réussite"(Freud, Nouvelles Conférences sur la Psychanalyse). Parmi les processus de satisfaction différée des pulsions, il y en a un qui est particulièrement efficace pour tisser du lien social : ce que Freud appelle la sublimation. Par exemple, lorsque le moi fait consciemment, de la politique, ou du sport, ou de l'art, etc. il satisfait de manière différée des pulsions sexuelles ou agressives qui, autrement, ne pourraient pas être satisfaites. Donc, dans la mesure où les relations sociales font appel au moi conscient, nos rapports sociaux ne sont pas naturels, mais au contraire, commandés par la culture d’une société donnée (on ne sublime pas ses pulsions de la même manière en tout lieu et en toute époque).

D'autant que, pour que le moi conscient puisse remplir correctement sa fonction, il doit obéir non seulement au ça, mais également au surmoi qui est l'intériorisation psychique, à la suite du processus d'éducation, de toutes les normes sociales : "le moi est puissamment aidé par le surmoi qui est le dépositaire de la conscience morale et qui dérive de l’influence exercée par les parents et les éducateurs"(Freud, Nouvelles Conférences sur la Psychanalyse). En effet, c'est le surmoi qui censure les pulsions du ça et qui, le cas échéant, les refoule lorsqu'elles sont incompatibles avec les normes sociales ambiantes. Et c'est donc aussi le surmoi qui autorise certaines des pulsions qui ont été préalablement refoulées à être satisfaites de manière différée (par exemple à travers le processus de sublimation). C'est enfin le surmoi qui, lorsqu'il ne trouve pas de solution pour satisfaire indirectement les pulsions refoulées, est responsable des névroses, c'est-à-dire de ces malaises pour lesquels on ne décèle pas de cause organique. (arguments principaux et secondaires de la 2° partie)

Bref, pour Freud, nos rapports sociaux sont d'abord naturels en ce qu'ils sont commandés par une sexualité et une agressivité animales, mais en tant que nous notre nature insatiable nous contraint à nous plier à des normes sociales, que ce soit inconsciemment par l'imitation ou que ce soit consciemment par la réflexion, nos rapports sociaux sont aussi culturels. (bilan de la 3° partie)


D - CONCLUSION.


Nous avons pu voir que, si l'on conçoit la nature d'un être comme son plus haut degré de perfection, alors la nature humaine consiste à être un animal politique, c'est-à-dire à entretenir des rapports sociaux tournés vers le bien-être à l'aide du langage dans le cadre d'une communauté politique, c'est-à-dire d'une Cité. Cela dit, il est quand même manifeste que nos rapports sociaux étant conditionnés par les modes économiques de production, ils ont été profondément modifiés par l'histoire dans la mesure où celle-ci n'est rien d'autre que le résultat de la lutte des classes pour tirer profit des fruits de la production économique. Et pourtant, il existe une composante naturelle profonde de notre personnalité, le ça, qui gouverne nos comportements érotiques et agressifs, même si les rapports sociaux qui dérivent de ces comportements naturels sont le plus souvent transformés par le moi et le surmoi qui représentent les exigences de la civilisation humaine. (j'ai résumé d'une phrase chaque partie de mon développement)
1 Les institutions féodales correspondent au système économique qui s'est développé au Moyen-Âge et qui était fondé sur le servage (esclavage). En revanche, les institutions bourgeoises ou capitalistes sont celles du système économique né de la révolution industrielle, fondé sur l'échange marchand et tourné vers le profit individuel.



Freud : les rapports sociaux sont naturels lorsque c’est le ça qui est en jeu, et ils sont culturels lorsque c’est le moi ou le surmoi qui sont en jeu (C1).
La partie la plus fondamentale de notre personnalité, c’est le ça, dont la fonction est de satisfaire toutes les excitations provenant du corps (pulsions). Et comme la satisfaction d’une pulsion s’accompagne nécessairement de plaisir, le principe de fonctionnement du ça est donc le principe de plaisir. Ce principe signifie que la règle de base du fonctionnement du psychisme humain, est une règle inconsciente qui exige simplement d’éprouver du plaisir et d’éviter la frustration. Donc, en ce que chaque être humain est avant tout un organisme biologique animal qui exige d’éprouver du plaisir en satisfaisant ses pulsions, nos rapports sociaux sont naturels. Il est donc, en particulier, naturel de rechercher le plaisir avec un partenaire sexuel, et il est tout aussi naturel d’éprouver de l’agressivité à l’égard de certains de nos semblables, de même qu’il est naturel de se nourrir ou de chercher à se protéger. Le problème est que mon ça, s’il n’était livré qu’à lui-même, ne se conformant qu’au simple principe de plaisir, serait insatiable et entrerait nécessairement dans un conflit sans merci avec tous les autres ça qui, étant plus nombreux, auraient toujours le dessus. Bref, mon ça s’auto-détruirait. C’est pourquoi le ça inconscient a besoin, pour éviter autant que possible le conflit, d’une sorte d’ambassadeur conscient auprès des autres ça, afin de tenter de satisfaire les pulsions du ça, mais d’une manière qui soit compatible avec les exigences de tous les autres ça, bref, qui soit compatible avec la vie en communauté. Cet ambassadeur conscient, c’est le moi qui envisage toujours les moyens les plus efficaces pour que les pulsions du ça soient satisfaites, non selon le simple principe de plaisir, puisque celui-ci mène à une impasse, mais selon le principe de réalité. Celui-ci consiste en ce que certaines pulsions (notamment les pulsions agressives et les pulsions sexuelles) ne seront satisfaites que de manière différée, à la fois dans le temps (la pulsion ne se satisfait pas forcément à l’instant même où elle se manifeste) et dans la manière (une pulsion sexuelle ou agressive ne sera pas forcément satisfaite de manière sexuelle ou agressive). Parmi les processus de satisfaction différée des pulsions, il y en a un qui est particulièrement efficace pour tisser du lien social : ce que Freud appelle la sublimation. Par exemple, lorsque le moi fait consciemment, de la politique, il satisfait de manière différée des pulsions sexuelles ou agressives qui, autrement, ne pourraient pas être satisfaites. Donc, dans la mesure où les relations sociales font appel au moi conscient, nos rapport sociaux ne sont pas naturels, mais au contraire, commandés par la culture d’une société donnée (on ne sublime pas ses pulsions de la même manière en tout lieu et en toute époque). Or, pour que le moi conscient puisse remplir correctement sa fonction, il doit obéir non seulement au ça, mais également au surmoi qui est l'intériorisation psychique, à la suite du processus d'éducation, de toutes les normes sociales. En effet, c'est le surmoi qui censure les pulsions du ça et qui, le cas échéant, les refoule lorsqu'elles sont incompatibles avec les normes sociales ambiantes. Et c'est donc aussi le surmoi qui autorise certaines des pulsions qui ont été préalablement refoulées à être satisfaites de manière différée (par exemple à travers le processus de sublimation). C'est enfin le surmoi qui, lorsqu'il ne trouve pas de solution pour satisfaire indirectement les pulsions refoulées, est responsable des névroses, c'est-à-dire de ces malaises pour lesquels on ne décèle pas de cause organique. Donc, en tant que nous nous référons à des normes sociales, que ce soit inconsciemment par l'imitation (le plus souvent) ou que ce soit consciemment par la réflexion, nos rapports sociaux sont à la fois naturels et culturels.

Aristote : nos rapports sociaux sont naturels en ce qu’ils découlent de la nature de l’homme comme animal politique (C2).
Pour Aristote, la nature d'un être c'est ce vers quoi il tend, c'est son plus haut degré de perfection, ou encore c'est ce qui peut se tirer de meilleur à partir de sa matière. Par exemple, la nature d'une chaise, c'est la forme que lui donne l'artisan à partir de sa matière (le bois) et qui autorise que l'on s'y assoie pour s'y reposer. De même, la nature d'un homme, c'est d'être un animal politique. Ce qui veut dire que le plus haut degré de perfection que l'on puisse tirer d'un homme, ou encore, la forme la plus parfaite que l'on puisse tirer de sa matière animale, c'est qu'il fasse partie d'une Cité (en grec polis, qui a donné "politique"). En effet, on remarque qu'un être est un naturellement un animal politique, un animal vivant dans une Cité, à ce qu'il est capable de parler pour communiquer des informations concernant, non pas seulement la survie immédiate comme le font les animaux avec le cri, mais l'amélioration de la vie. Un animal politique est donc un animal qui, à ce titre, est capable de crier pour sauvegarder sa vie (par exemple lorsque nous crions "au feu !", "au secours !", etc.), mais qui est aussi capable de prendre le temps de réfléchir à ce qui est susceptible de rendre la vie meilleure en communiquant des informations sur ce qui est juste ou injuste, utile ou nuisible, etc. Donc, dès lors qu'un être a le loisir de parler, c'est-à-dire qu'il n'est pas pressé par la nécessité de survivre, cet être est naturellement un animal politique. Du coup, dès lors que nous parlons, que nous réfléchissons, que nous raisonnons (en grec, c'est le même mot, logos, qui désigne la parole et la raison), nous établissons des rapports sociaux qui sont naturels en ce que nous nous comportons en animal politique. Et si nous nous agressons, nous menaçons, nous insultons, nos rapports sociaux sont encore naturels, sauf que nous nous comportons alors en créature inférieure à l'homme. Car, précise Aristote, l'être qui ne fait partie d'aucune Cité, celui qui n'a pas de rapports sociaux impliquant le langage, par nature et non par accident, est une créature supérieure ou inférieure à l'homme, mais toujours par nature. On en déduit que, pour Aristote, le terme "naturel" ne s'oppose pas au terme "culturel", mais au terme "accidentel". Par exemple, un ermite, un prisonnier, un sans domicile fixe, un handicapé physique, un trisomique, etc., s'ils sont exclus de la Cité, c'est à la suite d'un accident quelconque (pouvant être pré-natal comme dans le cas du trisomique). En ce sens, ils sont quand même des animaux politiques par nature. Certes, il est toujours possible de trouver des êtres humains n'ayant pas de rapports sociaux, mais cela est accidentel et non pas naturel. Quant aux autres animaux, ils ont également, par nature, des rapports sociaux fondés sur le cri. Bref, les rapports sociaux sont toujours naturels.

Marx : nos rapports sociaux ne sont pas naturels, mais ils sont déterminés par les changements de modes de production engendrés par l’histoire, c’est-à-dire par la lutte des classes (C3).
Marx critique sévèrement ceux qui considèrent que nos rapports sociaux sont naturels. Ils se comportent, dit-il comme des théologiens qui pensent que leur propre religion serait naturelle dans la mesure où, elle seule, émane du vrai Dieu, tandis que toutes les autres religions seraient artificielles en ce qu'elles émaneraient des superstitions païennes et idolâtres des hommes. C'est ainsi, dit Marx, que raisonnent les économistes en système capitaliste : ils sont persuadés que les rapports sociaux fondés sur la recherche du plus grand profit individuel par l'exploitation de la force de travail d'autrui, appartiennent à la nature humaine. Tandis que, pour eux, les rapports sociaux fondés sur l'auto-suffisance (comme dans l'antiquité) ou sur l'effort de guerre (comme au Moyen-Âge) sont des rapports sociaux artificiels. Le problème c'est que, de même que les théologiens se contredisent mutuellement en considérant que seule, leur propre religion est naturelle, les économistes se contredisent mutuellement aussi en proclamant que seul, leur propre mode de production est naturel ! Or, pour Marx, les uns et les autres ont tort. En effet, de toute éternité, les hommes ont cherché à produire leurs moyens d'existence au sein de modes de production cohérents et efficaces. Et comme la cohérence et l'efficacité de tout système économique exige qu'il se dégage une classe dirigeante, au cours du temps, la classe dirigeante a toujours eu tendance à profiter de la situation et à devenir la classe dominante. Or, comme toute classe dominante cherche à justifier, à préserver et, si possible, à amplifier son statut de classe dominante, tout système économique a toujours produit l'illusion qu'il est le meilleur possible, bref, qu'il est parfaitement naturel. Le problème c'est que, au cours du temps, les classes dominées l'ont rarement entendu de cette oreille et ont toujours, au contraire, lutté contre le pouvoir dominant, soit par la révolution (par exemple la classe bourgeoise qui prend le pouvoir en France à la suite de la révolution de 1789), soit par la contestation (par exemple la classe bourgeoise qui prend le pouvoir en Angleterre par la menace de la révolution). D'où la formule de Marx selon laquelle l'histoire, depuis les commencements jusqu'à nos jours, a toujours été l'histoire de la lutte des classes. Ce qui veut dire que l'histoire est un perpétuel changement de modes de production économique (par exemple, le système capitaliste est celui qui est instauré par la bourgeoisie, c'est-à-dire la nouvelle classe dominante aux XVIII° et XIX° siècles), et donc une perpétuelle modification de nos rapports sociaux. Bref l'individualisme égoïste n'est pas plus naturel que le collectivisme altruiste, le fait d'avoir besoin d'argent pour vivre n'est pas plus naturel que le fait de vivre sans argent, la démocratie n'est pas plus naturelle que n'importe quel autre régime politique.

Je choisis par exemple (ce n'est qu'un exemple, il y a d'autres choix possibles)
- 1° Aristote
- 2° Marx
- 3° Freud


Nos rapport sociaux sont-ils naturels ? (questionsujet)
Apparemment, l'homme n'est-il pas naturellement un être sociable ? Pour autant, la forme de nos rapports sociaux n'a-t-elle pas profondément évolué au cours de l'histoire ? Cela dit, n'y a-t-il pas, dans notre personnalité sociale, un aspect naturel et un aspect culturel ? (problématique)
Nous allons voir que, apparemment, l'homme est par nature un animal politique, c'est-à-dire un être qui ne se réalise pleinement que dans une Cité. Pour autant, l'histoire montre que nos rapports sociaux ont été profondément transformés par les changements de modes de production sous l'effet de la lutte des classes. Cela dit, selon que nos rapports sociaux sont gouvernés par le ça, par le moi ou par le surmoi, ils sont naturels, culturels, ou les deux à la fois. (annoncedu plan)




I - Apparemment, l'homme est par nature un animal politique, c'est-à-dire un être qui ne se réalise pleinement que dans une Cité. (titrede la 1° partie, cf. annonce du plan)

En général, quand on parle de nature d'un être, on veut signifier une qualité innée, voire une qualité d'origine divine.(amorce1° partie)

Or, pour Aristote, la nature d'un être c'est ce vers quoi il tend, c'est son plus haut degré de perfection, ou encore c'est ce qui peut se tirer de meilleur à partir de sa matière : "la nature d'un être, ce vers quoi il tend [...], c'est la forme qui est tirée de sa matière"(Aristote, Physique). Par exemple, la nature d'une chaise, c'est la forme que lui donne l'artisan à partir de sa matière (le bois) et qui autorise que l'on s'y assoie pour s'y reposer. De même, la nature d'un homme, c'est d'être un animal politique. Ce qui veut dire que le plus haut degré de perfection que l'on puisse tirer d'un homme, ou encore, la forme la plus parfaite que l'on puisse tirer de sa matière animale, c'est celle de citoyen (du latin civitas, Cité), autrement dit, qu'il fasse partie d'une Cité (en grec polis, qui a donné "politique") : "il est donc évident que la Cité est du nombre des choses qui sont dans la nature, que l’homme est naturelle­ment un animal politique destiné à vivre en société"(Aristote, Politique).

Ce qui permet de dire avec certitude qu'un être est naturellement un animal politique, un animal vivant dans une Cité, c'est qu'il est capable de parler pour communiquer des informations concernant, non pas seulement la survie immédiate comme le font les animaux avec le cri, mais l'amélioration de la vie. Un animal politique est donc un animal qui, à ce titre, est capable de crier pour sauvegarder sa vie (par exemple lorsque nous crions "au feu !", "au secours !", etc.), mais qui est aussi capable de prendre le temps de réfléchir à ce qui est susceptible de rendre la vie meilleure en communiquant des informations sur ce qui est juste ou injuste, utile ou nuisible, etc. : "la parole a pour but de faire comprendre ce qui est utile ou nuisible et, par conséquent aussi, ce qui est juste ou injuste. Or, avoir de telles notions en commun, c’est ce qui fait une famille et une Cité"(Aristote, Politique). Donc, dès lors qu'un être a le loisir de parler, c'est-à-dire qu'il n'est pas pressé par la nécessité de survivre, cet être est naturellement un animal politique. Du coup, dès lors que nous parlons, que nous réfléchissons, que nous raisonnons (en grec, c'est le même mot, logos, qui désigne la parole et la raison), nous nous comportons en animaux politiques et établissons des rapports sociaux qui sont naturels. Des rapports sociaux qui, naturellement, tendent vers le mieux-être.

Mais, même en admettant que nos rapports sociaux soient essentiellement agressifs, voire destructifs, ils seraient encore naturels, sauf que nous nous comporterions alors en créature inférieure à l'homme. Car, précise Aristote, l'être qui, par nature et non par accident, ne fait partie d'aucune Cité, celui qui n'a pas de rapports sociaux fondés sur le loisir et la vie bonne et impliquant le langage, celui-là est une créature supérieure ou inférieure à l'homme : "celui qui, par sa nature et non par l’effet de quelque cir­constance, ne fait partie d’aucune Cité, est une créature dégradée ou supérieure à l’homme"(Aristote, Politique). Par exemple, un ermite, un prisonnier, un sans domicile fixe, un handicapé physique, un trisomique, etc., s'ils sont exclus de la Cité, c'est à la suite d'un accident quelconque (pouvant être pré-natal comme dans le cas du trisomique). En ce sens, ils sont quand même des animaux politiques par nature. Donc, s'il est toujours possible de trouver des êtres humains n'ayant pas ou peu de rapports sociaux tournés vers le mieux-être, cela demeure, chez eux, accidentel et non pas naturel. Ou bien, si on tient à ce que les rapports sociaux conflictuels, belliqueux, soient naturels, alors il faut admettre qu'on n'a plus là affaire à des hommes, mais à des sur-hommes ou des sous-hommes. (argumentsprincipaux et secondaires de la 1° partie)

Donc, pour Aristote, nos rapports sociaux, qu'ils soient humains ou inhumains, sont toujours naturels. (bilande la 1° partie)

Mais justement, admettre que nos rapports sociaux naturels peuvent être profondément altérés par des accidents, n'est-ce pas admettre aussi que nos rapports sociaux, au fond, n'ont rien de naturel ? (transitionentre la 1° et la 2° partie)

II - Pour autant, l'histoire montre que nos rapports sociaux ont été profondément transformés par les changements de modes de production sous l'effet de la lutte des classes. (titrede la 2° partie, cf. annonce du plan)

En effet, Aristote est un philosophe de l'antiquité grecque. Or, la naissance de l'histoire avec Hérodote et Thucydide est à peu près contemporaine de la naissance de la philosophie avec Socrate et Platon. On peut donc dire que les Grecs n'ont pas suffisamment de recul historique pour se rendre compte de ce que nous, nous savons, à savoir de l'influence continuelle des événements historiques sur nos rapports sociaux. (j'annonceici pourquoi Aristote est critiquable)

Marx, en effet, critique sévèrement ceux qui considèrent que nos rapports sociaux sont naturels. Ils se comportent, dit-il comme des théologiens qui pensent que leur propre religion serait naturelle dans la mesure où, elle seule, émanerait du vrai Dieu, tandis que toutes les autres religions seraient artificielles en ce qu'elles émaneraient des superstitions païennes et idolâtres des hommes : "les économistes ont une singulière manière de procéder [...]. Ils ressemblent en ceci aux théologiens pour qui toute religion qui n’est pas la leur est une invention des hommes, tandis que leur propre religion est une religion naturelle puisqu’elle émane de Dieu"(Marx, Misère de la Philosophie). C'est ainsi, dit Marx, que raisonnent les économistes en système capitaliste : ils sont persuadés que les rapports sociaux fondés sur la recherche du plus grand profit individuel par l'exploitation de la force de travail d'autrui, appartiennent à la nature humaine. Tandis que, pour eux, les rapports sociaux fondés sur l'auto-suffisance (comme dans l'antiquité) ou sur l'effort de guerre (comme au Moyen-Âge) sont des rapports sociaux artificiels : "les institutions féodales sont artificielles, mais les institutions bourgeoises sont naturelles [...]. En disant que les rapports sociaux actuels, ceux de la production capitaliste, sont naturels, les économistes font entendre que ce sont là des rapports dans lesquels se crée la richesse et se développent les forces productives conformément aux lois de la nature, selon des lois indépendantes de l’influence du temps."(Marx, Misère de la Philosophie). Si Marx, philosophe du XIX° siècle, vivait aujourd'hui, il constaterait que rien n'a changé de nos jours : l'économie capitaliste fondée sur la recherche égoïste du profit, pensent la majorité des économistes est le seul système qui convienne à la nature de l'homme.

Le problème c'est que, de même que les théologiens se contredisent mutuellement en considérant que seule, leur propre religion est naturelle, les économistes actuels se contredisent mutuellement aussi puisque, parmi eux, les partisans de la régulation (keynésiens) et les partisans de la dérégulation (libéraux) proclament que seule, leur propre doctrine est naturelle ! Or, pour Marx, les uns et les autres ont tort. En effet, de toute éternité, les hommes ont cherché à produire leurs moyens d'existence au sein de modes de production cohérents et efficaces. Et comme la cohérence et l'efficacité de tout système économique exige qu'il se dégage une classe dirigeante, au cours du temps, la classe dirigeante a toujours eu tendance à profiter de la situation et à devenir la classe dominante. Or, comme toute classe dominante cherche à justifier, à préserver et, même, si possible, à étendre son statut de classe dominante, tout système économique doit toujours nécessairement produire l'illusion qu'il est le meilleur possible au motif qu'il est le seul à être parfaitement naturel : "comme il importe avant tout de ne pas être privé des fruits de la production, [la classe dominante] devient nécessairement conservatrice"(Marx, Misère de la Philosophie). Bref, l'idée que le système économique en cours, quel qu'il soit, est parfaitement naturel est une idée de la classe dominante.

La preuve, c'est que, en tout temps, les classes dominées l'ont rarement entendu de cette oreille et ont toujours, au contraire, lutté contre le pouvoir dominant, soit par la révolution (par exemple la classe bourgeoise qui prend le pouvoir en France à la suite de la révolution de 1789), soit par la contestation (par exemple la classe bourgeoise qui prend le pouvoir en Angleterre par la menace de la révolution). D'où la formule de Marx selon laquelle l'histoire, depuis les commencements jusqu'à nos jours, a toujours été l'histoire de la lutte des classes. Ce qui veut dire que l'histoire est un perpétuel changement de modes de production économique (par exemple, le système capitaliste est celui qui est instauré par la bourgeoisie, c'est-à-dire la nouvelle classe dominante aux XVIII° et XIX° siècles), et donc une perpétuelle modification de nos rapports sociaux : "l’histoire montre qu’un mode de production, les rapports dans lesquels les forces productives se développent, ne sont pas des lois éternelles, mais qu’ils correspondent à un développement déterminé des hommes et de leurs forces productives, et qu’un changement survenu dans les forces productives des hommes amène nécessairement un changement dans leurs rapports de production [donc dans leurs rapports sociaux]"(Marx, Misère de la Philosophie). (argumentsprincipaux et secondaires de la 2° partie)

En d'autres termes, l'individualisme égoïste n'est pas plus naturel que le collectivisme altruiste, le fait d'avoir besoin d'argent pour vivre n'est pas plus naturel que le fait de vivre sans argent, la démocratie n'est pas plus naturelle que n'importe quel autre régime politique, etc. (bilande la 2° partie)

Or, ne pourrait-on pas objecter à Marx, que malgré les profondes transformations historiques qu'on subies nos rapports sociaux, il reste cependant de grands invariants qui appartiennent à la nature humaine ? (transitionentre la 2° et la 3° partie)

III - Cela dit, selon que nos rapports sociaux sont gouvernés par le ça, par le moi ou par le surmoi, ils sont naturels, culturels, ou les deux à la fois. (titrede la 3° partie, cf. annonce du plan)

Certes, comme le souligne Marx, les rapports sociaux de l'époque antique ne sont pas ceux de l'époque féodale, ni ceux de l'époque moderne. Cependant, Aristote a raison de faire remarquer que les hommes vivent toujours dans des communautés politiques, se font toujours la guerre, etc. Et Marx lui-même pourrait ajouter qu'il y a toujours une classe qui tente de dominer la vie sociale. Tout cela, précisément, n'a pas changé au cours des âges. Ce qui tendrait à prouver qu'il y a quand même des aspects naturels et invariants dans nos rapports sociaux. (j'annonce ici pourquoi Aristote et Marx sont tous les deuxcritiquables)

La partie la plus fondamentale de la personnalité humain, c’est le ça, nous dit Freud, dont la fonction est de satisfaire toutes les excitations provenant du corps (pulsions). Et comme la satisfaction d’une pulsion s’accompagne nécessairement de plaisir, le principe de fonctionnement du ça est donc le principe de plaisir : "le ça tend seulement à satisfaire les be­soins pulsionnels, en se conformant au principe de plaisir. Les processus qui s’y déroulent n’obéissent pas aux lois logiques de la pensée : pour eux, le principe de contradiction n’existe pas, [aussi] le ça ignore-t-il les jugements de valeur, le bien, le mal, la morale"(Freud, Nouvelles Conférences sur la Psychanalyse). Ce principe signifie que la règle de base du fonctionnement du psychisme humain, est une règle qui exige simplement d’éprouver du plaisir et d’éviter la frustration par la satisfaction des besoins du corps signalés par les pulsions qui sont leurs représentants psychiques. Et comme cette règle est commune à tout organisme biologique animal, en tant que nos rapports sociaux sont des rapports entre organismes biologiques animaux exigeant d’éprouver du plaisir en satisfaisant des pulsions, nos rapports sociaux sont naturels. Il est donc, en particulier, naturel de rechercher le plaisir avec un partenaire sexuel, et tout aussi naturel d’éprouver de l’agressivité à l’égard de certains de nos semblables, de même qu’il est naturel de se nourrir ou de chercher à se protéger.

Le problème, c'est que "boire sans soif et faire l'amour en tout temps, Madame, il n'y a que ça qui nous distingue des autres bêtes"(Beaumarchais, le Mariage de Figaro, II, 21). Dès lors, mon ça, s’il n’était livré qu’à lui-même, ne se conformant qu’au simple principe de plaisir, serait insatiable et entrerait nécessairement dans un conflit sans merci avec tous les autres ça qui, étant plus nombreux, auraient toujours le dessus. Bref, mon ça s’auto-détruirait : "le ça, aspirant aveuglément aux satisfactions des pulsions, viendrait imprudemment se briser contre cette force extérieure plus puissante que lui."(Freud, Nouvelles Conférences sur la Psychanalyse). C’est pourquoi le ça inconscient a besoin, pour éviter autant que possible le conflit, d’une sorte d’ambassadeur conscient auprès des autres ça, afin de tenter de satisfaire les pulsions du ça, mais d’une manière qui soit compatible avec les exigences de tous les autres ça, bref, qui soit compatible avec la vie en communauté. Cet ambassadeur conscient, c’est le moi qui envisage toujours les moyens les plus efficaces pour que les pulsions du ça soient satisfaites, non selon le simple principe de plaisir, puisque celui-ci mène à une impasse, mais selon le principe de réalité.

Celui-ci consiste en ce que certaines pulsions (notamment les pulsions agressives et les pulsions sexuelles) ne seront satisfaites que de manière différée, à la fois dans le temps (la pulsion ne se satisfait pas forcément à l’instant même où elle se manifeste) et dans la manière (une pulsion sexuelle ou agressive ne sera pas forcément satisfaite de manière sexuelle ou agressive) : "le moi a pour mission d’être le représentant du monde extérieur aux yeux du ça, et pour le plus grand bien de ce dernier […]. Ainsi, le principe de plaisir, qui domine de façon absolue dans le ça, est-il détrôné par le principe de réalité, plus propre à as­surer sa sécurité et sa réussite"(Freud, Nouvelles Conférences sur la Psychanalyse). Parmi les processus de satisfaction différée des pulsions, il y en a un qui est particulièrement efficace pour tisser du lien social : ce que Freud appelle la sublimation. Par exemple, lorsque le moi fait consciemment, de la politique, ou du sport, ou de l'art, etc. il satisfait de manière différée des pulsions sexuelles ou agressives qui, autrement, ne pourraient pas être satisfaites. Donc, dans la mesure où les relations sociales font appel au moi conscient, nos rapports sociaux ne sont pas naturels, mais au contraire, commandés par la culture d’une société donnée (on ne sublime pas ses pulsions de la même manière en tout lieu et en toute époque).

D'autant que, pour que le moi conscient puisse remplir correctement sa fonction, il doit obéir non seulement au ça, mais également au surmoi qui est l'intériorisation psychique, à la suite du processus d'éducation, de toutes les normes sociales : "le moi est puissamment aidé par le surmoi qui est le dépositaire de la conscience morale et qui dérive de l’influence exercée par les parents et les éducateurs"(Freud, Nouvelles Conférences sur la Psychanalyse). En effet, c'est le surmoi qui censure les pulsions du ça et qui, le cas échéant, les refoule lorsqu'elles sont incompatibles avec les normes sociales ambiantes. Et c'est donc aussi le surmoi qui autorise certaines des pulsions qui ont été préalablement refoulées à être satisfaites de manière différée (par exemple à travers le processus de sublimation). C'est enfin le surmoi qui, lorsqu'il ne trouve pas de solution pour satisfaire indirectement les pulsions refoulées, est responsable des névroses, c'est-à-dire de ces malaises pour lesquels on ne décèle pas de cause organique. (argumentsprincipaux et secondaires de la 2° partie)

Bref, pour Freud, nos rapports sociaux sont d'abord naturels en ce qu'ils sont commandés par une sexualité et une agressivité animales, mais en tant que nous notre nature insatiable nous contraint à nous plier à des normes sociales, que ce soit inconsciemment par l'imitation ou que ce soit consciemment par la réflexion, nos rapports sociaux sont aussi culturels. (bilande la 3° partie)




Nous avons pu voir que, si l'on conçoit la nature d'un être comme son plus haut degré de perfection, alors la nature humaine consiste à être un animal politique, c'est-à-dire à entretenir des rapports sociaux tournés vers le bien-être à l'aide du langage dans le cadre d'une communauté politique, c'est-à-dire d'une Cité. Cela dit, il est quand même manifeste que nos rapports sociaux étant conditionnés par les modes économiques de production, ils ont été profondément modifiés par l'histoire dans la mesure où celle-ci n'est rien d'autre que le résultat de la lutte des classes pour tirer profit des fruits de la production économique. Et pourtant, il existe une composante naturelle profonde de notre personnalité, le ça, qui gouverne nos comportements érotiques et agressifs, même si les rapports sociaux qui dérivent de ces comportements naturels sont le plus souvent transformés par le moi et le surmoi qui représentent les exigences de la civilisation humaine. (j'airésumé d'une phrase chaque partie de mon développement)