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mercredi 10 février 2010

REFERENCES DES RENVOIS (F111 - F328 - DMF)


 
à la liberté ou à l’égalité ?

F111 « Par Dieu, j’entends un être absolu­ment infini, c’est-à-dire une substance consistant en une infinité d’attributs [...]. Est dite libre la chose qui existe d’après la seule nécessité de sa nature et est déterminée par soi seule à agir [...]. Dans la Nature il n’y a rien de contingent, mais toutes choses sont déterminées par la nécessité de la nature divine à exister et à produire un effet d’une certaine façon. »(Spinoza, Éthique, I, définitions-29)
F112 « Tous les hommes sont naturellement dans un état de parfaite liberté dans lequel, sans demander de permission ni dépendre de la volonté de quiconque, ils peuvent disposer de ce qu’ils pos­sèdent et de leurs personnes comme ils jugent à propos pourvu qu’ils se tiennent dans les bornes de la loi de la Nature [...]. Ma liberté est le rempart de la conservation de ma personne. »(Locke, Traité du Gou­vernement Civil, §§4-17)
F113 « On a beau vouloir confondre l’indépendance et la liberté, ces deux choses sont si différentes que même elles s’ex­cluent mutuellement. Quand chacun fait ce qui lui plaît, on fait souvent ce qui déplaît à d’autres [...]. La liberté consiste moins à faire sa volonté qu’à n’être pas soumis à celle d’autrui [...]. Je ne connais de liberté vraiment libre que celle à laquelle nul n’a le droit d’opposer de la résistance. [La liberté, c'est-à-dire la souveraineté, n'est que l'exercice de la volonté générale]. »(Rousseau, Lettres écrites de la Montagne, VIII)
F114 « L’État est une société d’hommes instituée dans la seule vue de la conservation de leurs [droits naturels] (la vie, la liberté, la santé du corps, la propriété des biens ex­térieurs tels l’argent, les terres, les mai­sons, les meubles, etc.). C’est pour cette seule raison que le magistrat est armé de la force réunie de tous ses su­jets, afin de punir ceux qui violent les droits naturels des autres. »(Locke, Lettre sur la Tolé­rance)
F115 « Être captif de sa passion et incapable de rien voir qui nous soit vraiment utile est le pire esclavage, [mais] dans un État et sous un commandement pour lesquels la loi suprême est le salut de tout le peuple et non de celui qui commande [...] chacun peut être plus libre sous la conduite de la Raison. [Il s'agit] de soustraire les hommes à l'esclavage pour qu’ils vivent dans la concorde. »(Spino­za, Traité Théologico-Politique, xvi)
F116 « La volonté générale, qui ne regarde qu’à l’intérêt commun, ne doit pas être confon­due avec la volonté de tous, ni avec une somme de volontés particulières. La volonté particulière tend aux préférences tandis que la volonté générale tend vers l’égalité. Chacun peut, comme homme, avoir une volonté particulière dissemblable à la volonté générale qu'il a comme citoyen. La liberté sans la justice est donc une contradiction : il n’y a point de liberté sans lois, ni où quelqu’un est au-dessus des lois. »(Rousseau, du Contrat Social, I, 3) 

F121 « Sur cette disposition du genre humain à sympathiser avec les puissants, sont fondées la distinctions des rangs et l’ordre de la société. Notre déférence à l’égard de ceux qui nous sont supérieurs naît plus souvent de l’admiration pour les avantages de leur situation que d’une secrète espérance d’un bienfait provenant de leur bon vouloir, lequel ne peut concerner qu’un petit nombre, tandis que leur fortune intéresse presque tout le monde. »(Smith, Théorie des Sentiments Moraux, I, iii, 3)
F122 « Par vertu et par puissance, j'entends la même chose. En ce sens, la vertu, en tant qu'elle se rapporte à l'homme, [consiste à avoir] la puissance de se conserver et de faire certaines choses qui peuvent se comprendre par les seules lois de sa nature. Il n'y a pas, dans la Nature, de chose singulière telle qu'il n'y en ait une autre plus puissante et plus forte. Mais, étant donnée une chose quelconque, il y en a toujours une autre plus puissante par quoi la première peut être détruite. »(Spino­za, Éthique, IV, 8)
F123 « Les hommes naissent et demeurent libres et égaux en droits. Les distinctions sociales ne peuvent être fondées que sur l'utilité commune [...]. Tous les Citoyens étant égaux [aux yeux de la loi] sont également admissibles à toutes dignités, places et emplois publics, selon leur capacité, et sans autre distinction que celle de leurs vertus et de leurs talents. »(Déclaration des Droits de l'Homme et du Citoyen, 26 août 1789, art. 1 et 6)
F124 « L’inégalité [de richesse] permet néanmoins de susciter et entretenir le mouve­ment perpétuel de l’industrie du genre humain. [Car] quand les marchands sont méprisés et obligés de payer de lourdes taxes pour avoir le droit de faire librement leur commerce, ils ne peuvent jamais amasser le capital nécessaire à l’amélioration des manufactures. »(Smith, Richesse des Na­tions, II)
F125 « Tout homme est esclave d'un autre aussi longtemps que cet autre le tient en sa puissance, [notamment après] lui avoir inspiré une crainte extrême, ou se l'être attaché par des bienfaits [...]. Lorsque les sujets d'une nation sont trop ter­rorisés pour se soulever, on ne devrait pas dire que la paix règne [...], car la vie humaine se définit, non point par la circula­tion du sang et les différentes fonctions du règne animal, mais surtout par la Raison [...]. Aussi, les champs, la totalité du sol et même les maisons devront-elles faire partie de l'ensemble de la propriété publique. »(Spinoza, Traité Politique, II-V-VI)
F126 « [À quel point faut-il borner le luxe ? [...] Tout est source de mal au-delà du nécessaire physique : le premier qui, ayant enclos un terrain, s’écria “ceci est à moi” et trouva des gens assez simples pour le croire, fut le premier fondateur de la société civile. Que de crimes [...] de misères et d’horreurs n’eût point épargnés au genre humain celui qui, arrachant les pieux ou comblant le fossé, eût crié à ses semblables “gardez-vous d’écou­ter cet imposteur]. Ce qui suppose, du côté des grands, modérations de biens et de crédit, et, du côté des petits, modération d’avarice et de convoitise. Cette égalité, disent-ils, est une chimère de spécula­tion qui ne peut exister dans la pratique. Mais [...] c’est précisément parce que la force des choses tend toujours à détruire l’égalité, que la force de la législation doit toujours tendre à la maintenir. »(Rousseau, du Contrat Social, II, 11)

ou d'un contrôle social ?

F211 « Tout est bien sortant des mains de l’Auteur des choses, tout dégénère entre les mains de l’homme [...]. C'est dans la disproportion de nos désirs et de nos facul­tés que consiste notre misère […] ; la sagesse humaine, la route du vrai bonheur, est de diminuer l’excès de désirs sur les facultés, et à mettre en égalité parfaite la puis­sance et la volonté. »(Rousseau, Émile ou de l’Édu­cation, ii)
F212 « L’état de nature est celui d’une parfaite liberté d’agir, disposer de sa personne et de ses propriétés dans les li­mites de la loi naturelle [...]. Celui qui tâche d'avoir un autre en son pouvoir, se met par là en état de guerre avec lui. [Aussi] chacun a le droit de punir l’offenseur et d’être l’exécuteur de la loi naturelle. »(Locke, Traité du Gou­vernement Civil, §§10-84)
F213 « Le Droit de la Nature n’est rien en dehors de la puissance de tous les individus pris ensemble. Chacun a donc un Droit de Nature sur tout ce qui est en son pouvoir, autrement dit, le droit de chacun s'étend jusqu'où s'étend sa puis­sance. Et la loi suprême de la Nature étant que chaque chose s'ef­force de persé­vérer dans son être. »(Spinoza, Traité Théologico-Poli­tique, xvi)
F214 « A mesure que les besoins croissent [...], le langage change de caractère : il devient plus juste et moins passionné, il substitue aux sentiments les idées, il ne parle plus au cœur mais à la raison [...]. L’écriture substitue l’exactitude [de la raison] à l’expression [des penchants]. [En substi­tuant la justice à l'instinct il se produit en l'homme un changement remarquable.] »(Rousseau, Essai sur l’Origine des Langues, v)
F215 « L’esprit a un pouvoir de suspendre l’exécution et la satisfaction de l’un quelconque de ses désirs et ainsi, de tous, l’un après l’autre. Il a la liberté de considérer leurs objets, de les examiner sous tous les côtés et de les peser les uns par rapport aux autres [...]. La raison est donc le pivot sur lequel tourne la liberté des êtres intellectuels dans leurs tentatives pour chercher le véritable bonheur. »(Locke, Essai Philosophique ..., II, xxi, 47)
F216 « Tant que les hommes sont dominés par des affects qui sont des passions, ils s’opposent les uns aux autres. [Car] chacun [de manière contingente] désire ce qu’il juge être bon, et s’efforce d’écar­ter ce qu’il juge être mauvais. [Or], seul ce que nous jugeons être bon ou mauvais d’après le commandement de la Raison est bon ou mauvais nécessairement [et non pas de manière contingente]. Donc, les hommes ne s’ac­cordent nécessairement entre eux qu'en tant qu’ils vivent sous la conduite de la Raison. »(Spinoza, Éthique, IV, 35)

F221 «Trouver une forme d’association qui dé­fende et protège de toute la force commune la personne et les biens de chaque associé et par laquelle, chacun s’unis­sant à tous, n’obéisse pour­tant qu’à lui-même et reste aussi libre qu’auparavant, tel est le problème fondamental dont le contrat social donne la solu­tion. C'est un acte d’association qui produit [...], un moi commun doté de vie et de volonté. »(Rousseau, du Contrat Social, I, 6)
F222 « Nul ne peut être tiré de cet état et être soumis au pouvoir politique d’autrui sans son propre consentement par le­quel il peut convenir, avec d’autres hommes, de se joindre et s’unir en société pour leur conservation, pour leur sûreté mu­tuelle, pour la tranquillité de leur vie, pour jouir paisiblement de ce qui leur appartient en propre et être mieux à l’abri des agressions. »(Locke, Traité du Gou­vernement Civil, §§4-95)
F223 « Le contrat est une convention par laquelle une ou plusieurs personnes s'obligent, envers une ou plusieurs autres, à donner, à faire ou à ne pas faire quelque chose. [...] Quatre conditions sont essentielles pour la validité d'une convention : le consentement de la partie qui s'oblige ; sa capacité de contracter ; un objet certain qui forme la matière de l'engagement ; une cause licite dans l'obligation. »(Code Civil, art.1101-1108).
F224 « Quand on lit la plupart des philosophes qui ont traité des passions et de la conduite des hommes, on dirait qu’il n’a pas été question pour eux de choses naturelles, [et que l'homme] a sur ses actions un pouvoir absolu et ses déterminations ne relèvent que de lui-même. »(Spinoza, Éthique, III, préf.)
F225 « Si le plus fort a toujours raison, on n’a pas besoin d’obéir par obligation, et si l’on n’est plus forcé d’obéir, on n’y est plus obligé. On voit donc que le droit n’ajoute rien à la force [...]. Convenons donc que force ne fait pas droit et qu’on n’est obligé d’obéir qu’aux puissances légitimes. »(Rousseau, du Contrat Social, I, 3)
F226 « Afin de chercher, dans les lois établies par un gouvernement la conservation de ses propriétés, [...] il faut se doter d'une loi commune ainsi que d'une magistrature à qui faire appel pour trancher les controverses et punir les agresseurs. »(Locke, Traité du Gou­vernement Civil, §§127-87)
F227 « L’homme agit toujours conformément aux lois de la Nature lorsqu’il songe à son intérêt propre et est amené par l’espoir [qui est une joie contingente] ou la crainte [qui est une tristesse contingente] à réaliser cer­taines actions et à n’en pas réaliser d’autres. [Sauf que] dans la so­ciété, les motifs d’espoir ou de crainte seront les mêmes pour tous. [Aussi], aucun acte ne saurait être ordonné à quiconque sans espoir de récompense ou crainte de châtiment [...]. Le droit civil n’est autre chose que le Droit de Na­ture de la masse conduite en quelque sorte par une même pensée. »(Spinoza, Traité Poli­tique, III)
F228 « Pour 2+2=4, c’est comme si une convention avait été passée, mais nous savons qu’il n’y a pas eu de contrat réel ; la situation est comparable dans la théorie du contrat social : nous avons affaire à une norme d’expression que nous avons fixée nous-mêmes. »(Wittgen­stein, Cours de Cambridge1932-1935)  



F311 « Le plus fort n’est jamais assez fort pour être le maître s’il ne transforme sa force en droit et l’obéissance en de­voir [...]. Le contrat social est un acte d’association qui produit un corps moral et collectif [...], un moi commun doté de vie et de volonté [...], une personne publique qui se forme par l’union de toutes les autres, qui prenait autrefois le nom de Cité, [...] et aujourd’hui appelé État. »(Rousseau, du Contrat Social, I, 6)
F312 « Toute classe qui aspire à la domination [...] doit conquérir le pouvoir politique pour présenter son intérêt propre comme étant l’intérêt général  [...]. Son intérêt propre est de circonscrire au sein de l’État les luttes des dif­férentes classes entre elles [...]. Ce n’est pas la critique mais la révolution qui est la force motrice de l’histoire. »(Marx-Engels, l’I­déologie Allemande)
F313 « La finalité de l’édu­cation philosophique est d’établir gardiens de l’État ceux qui seront capables de s’attacher à la connaissance de cette essence immuable [le Bien], inaccessible aux vicissitudes de la génération et de la corruption [...]. Tandis que la Cité démocratique est comme un vêtement bigarré, un bazar à constitutions, car il est impossible que la multitude soit philosophe. »(Platon, République, VI, 484c-494a)
F314 « On ne peut pas définir [...] l’État en indiquant seulement la finalité de son activité. [Cela dit] s’il n’existait que des structures sociales d’où toute violence serait absente, le concept d’État aurait alors disparu, et il ne subsisterait que ce qu’on appelle, au sens propre du terme, l’anarchie. »(Weber, le Savant et le Politique, ii)
F315 « Lorsqu’on dit d’une question qu’elle est politique, il faut entendre par là que la répartition, la conservation ou le transfert du pouvoir sont déterminants. [Or] le pouvoir, c’est la chance pour des ordres donnés de trouver obéissance, la­quelle peut reposer sur les motifs les plus di­vers [...]. On ne peut donc définir [...] l’État en indi­quant seulement la fin de son activité et sans ajouter un facteur décisif : la croyance en la légitimité de sa domination. »(Weber, Économie et Société)
F316 « L’autorité, le pouvoir et la violence ne sont pas la même chose. Ceux dont l’obéissance est requise reconnaissent spontanément l’autori­té [sans] contrainte ni persuasion. Le pouvoir correspond à l’aptitude de l’homme à agir de façon concertée : sitôt que plusieurs personnes se rassemblent et agissent de concert, le pouvoir est manifeste et tire sa légitimi­té du fait initial du rassemblement. Tandis que la violence est un acte accompli sans raisonner, sans parler et sans ré­fléchir aux conséquences. La violence peut être justifiable, mais elle ne sera jamais légitime. »(Arendt, du Mensonge à la Vio­lence, iii)

F321 « La lutte pour la reconnaissance et la soumission à un maître est le phénomène d'où est sortie la vie sociale des hommes, en tant que commencement des États. La violence qui est au fond de ce phénomène n'est point pour cela fondement du droit quoique ce soit le moment nécessaire et légitime dans le passage de la situation où la conscience de soi est plongée dans le désir et l'individualité, à celle de la conscience de soi. la vengeance se distingue de la punition en ce que l’une est une réparation obtenue par un acte de la partie lésée, tandis que l’autre est l’oeuvre d’un juge. »(Hegel, Encyclopédie des Sciences Philosophiques, §433)
F322 « Éducateurs et parents, en tant que représentés par le surmoi, restreignent au moyen d’interdictions et de puni­tions, l’activité du moi, et favorisent ou imposent l’instauration de refoulements. [Mais] il importe à la santé psychique que le surmoi se soit développé normalement, c’est-à-dire soit devenu suffisamment impersonnel. »(Freud, Abrégé de Psychanalyse)
F323 « L’État est le lieu par excellence de l’exercice de la violence symbolique [dont] l’un des effets est la transfiguration des relations de domination et de soumission en rela­tions affectives, la transformation du pouvoir en charisme ou en charme propre à susciter un enchantement. [La violence symbolique] est une véri­table force magique exerçant une sorte d’action à distance sans contact physique. »(Bourdieu, Raisons Pratiques, iv)
F324 « Aucun acte auquel jamais ni espoir de récompense ni crainte de châtiment ne saurait être ordonné par une législa­tion afin de décider quelque individu que ce soit. [Sans cela], l’État se dissoudrait de lui-même, ce qui ne serait plus du ressort du droit civil mais du droit de la guerre. »(Spinoza, Traité Politique, IV, 6)
F325 « Il y a trois sortes de dominations : traditionnelle [familiale], charismatique [religieuse], et légale-rationnelle [étatique]. Le propre de notre époque est qu’elle n’accorde à tous les autres groupements et aux individus, le droit de faire appel à la violence que dans la mesure où l’État le tolère. [Donc, le commandement légal-rationnel est émis non pas au nom d’une autorité personnelle, comme les deux autres, mais au nom d’une norme impersonnelle. Et comme seul l’État dispose de moyens matériels d’admi­nistration, l’élément déterminant du droit, c’est l’existence d’une instance de contrainte physique]. »(Weber, le Savant et le Poli­tique, ii)
F326 « Le développement du capitalisme a pour point de départ l’expropriation capitaliste du producteur par rapport à ses moyens de production [...]. La vio­lence d’État est donc d’abord une force économique au service de la classe dominante. »(Marx-Engels, l’Idéologie Allemande)
F327 « S’assurer de leurs enne­mis, se faire des amis, vaincre par habileté ou par force, [bref], l’art de la guerre, c’est là proprement la science de ceux qui gouvernent [...]. Le souverain n’aura comme objectif que sa propre conservation et celle de son État. Les moyens qu’il em­ploiera se­ront toujours approuvés du commun des hommes. [La guerre est la poursuite de la politique par d'autres moyens.]»(Machiavel, le Prince, iii-xviii)
F328 « La domination légale-rationnelle est valide sur un territoire géogra­phique donné où l’existence de l’État et la validi­té de ses règlements sont garanties de façon continue [...]. Le développement de l’État moderne a donc pour point de départ la volonté du souverain d’exproprier tous les autres pouvoirs de leur droit à s’imposer eux-mêmes par la violence dans les li­mites d’un territoire donné. »(Weber, Sociologie des Religions)



Il est dangereux de croire qu’on ne peut être libre, en tant qu’individu ou en tant que groupe, que si l’on est souve­rain. La fameuse souveraineté des corps politiques a toujours été une illusion qui, en outre, ne peut être maintenue que par le moyen de la violence, c’est-à-dire par un moyen essentiellement non politique [...]. Là où des hommes veulent être souverains, en tant qu'individus ou que groupes organisés, ils doivent se plier à l'oppression de la volonté, que celle-ci soit la volonté indi­viduelle par laquelle je me contrains moi même, ou la "volonté générale" d'un groupe organisé. Si les hommes veulent être libres, c'est précisément à la souveraineté qu'ils doivent renoncer [...]. La liberté comme inhérente à l'action est peut-être illustrée le mieux par le concept machiavélien de virtù, l'excellence avec laquelle un homme répond aux occasions que le monde lui révèle sous la forme de la fortuna [succès, réussite]. Son sens est rendu de la meilleure façon par "virtuosité", c'est-à-dire la perfection que nous attribuons aux arts d'exécution (différents des arts créateurs de fa­brication) où l'accomplissement consiste dans l'exécution-même et non dans un produit fini qui survit à l'activité qu'elle a amené à l'existence [...]. Comme toute action comprend un élément de virtuosité, et puisque la virtuosité est la perfection que nous attribuons aux arts d'exécution, la politique a souvent été définie comme un art.

Arendt, la Crise de la Culture, IV, i-ii