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dimanche 27 décembre 2009

REFERENCES DES RENVOIS (D111 - D326 - DMD)


D111 « La puissance qui permet aux choses singulières, et par conséquent à l’homme, de conserver leur être, est la puis­sance même de Dieu, c’est-à-dire de la Nature. [Donc] l’essence de l’homme est une partie de la puissance infinie de Dieu ou de la Nature. D’autre part, s’il était possible que l’homme ne pût subir d’autres changements que ceux qui peuvent se com­prendre par la seule nature de l’homme lui-même, il suivrait qu’il ne pourrait dépérir, mais qu’il existerait nécessairement toujours. [Or] l’homme est nécessairement toujours soumis aux passions c’est-à-dire qu’il suit l’ordre commun de la Nature. »(Spinoza, Éthique, IV, iv)
D112 « L'instinct sexuel [Eros] et l'instinct de mort [Thanatos] se comportent comme des instincts de conservation : ils tendent l'un et l'autre à ré­tablir un état qui a été troublé par l'apparition de la vie. L'apparition de la vie serait donc la cause aussi bien de la prolonga­tion de la vie que de l'aspiration à la mort et la vie elle-même apparaîtrait comme un compromis [...]. Aussi, tout ce qui vit retourne à l’é­tat inorganique : la fin vers laquelle tend toute vie est la mort, donc la mort est l’effet de causes internes. »(Freud, Essais de Psychana­lyse)
D113 « La lutte pour la reconnaissance est une lutte à la vie et à la mort [...]. Dans une lutte pour la reconnaissance [...] la lutte se termine tout d'abord, comme négation exclusive, par cette in­égalité que l'un des combattants préfère la vie et se conserve comme conscience de soi individuelle, mais renonce à être re­connu libre, tandis que l'autre maintient son rapport à lui-même et est reconnu par le premier qui lui est soumis ; c'est le rapport de la domination et de la servitude. »(Hegel, Encyclopédie des Sciences Philos­ophiques, §432)
D114 « Qu'on s'imagine nombre d'hommes dans les chaînes, et tous condamnés à la mort, dont les uns étant chaque jour égorgés à la vue des autres, ceux qui restent voient leur propre condition dans celle de leurs semblables, et, se regardant les uns et les autres avec dou­leur et sans espérance, attendent à leur tour. C'est l'image de la condi­tion des hommes [...]. L’homme n’est qu’un roseau, le plus faible de la nature, mais c’est un roseau pensant. »(Pascal, Pensées, B199-347)
D115 « Les choses de la nature sont à jamais présentes, elles n’ont pas besoin de la mémoire pour continuer d’exister. [Or] voici la mortalité : se mouvoir en ligne droite dans un monde où tout [...] se meut dans un ordre cyclique. [Seuls] les mortels réussissent à doter de quelque permanence leurs œuvres, leurs actions et leurs paroles : la capacité hu­maine d’accomplir cela, c’est la mémoire [...]. Les choses qui doivent leur existence aux hommes sont contaminées par la mortalité de leurs auteurs. »(Arendt, la Crise de la Culture, II, i)
D116 « Ce qui définit la Cité, c'est la communauté vouée à la vie bonne [bios], et qui a pour fin une existence parfaite, se suffisant à elle-même. Ce n’est pas seulement en vue de vivre [zaô], mais en vue de vivre bien [bioô], qu’on s’assemble en une Cité, sinon il existerait aussi une Cité d’animaux [...]. C'est donc en vue d'actions bonnes que doit s'instituer la communauté politique. »(Aristote, Politique, III, 1280a-b)
D117 « Cette vie individuelle se distingue de toutes les autres choses par le cours rectiligne de son mouvement qui, pour ainsi dire, coupe en travers les mouvements circulaires de la vie biologique. Voici la mortalité : se mouvoir en ligne droite dans un univers où tout, pour autant qu’il se meut, se meut dans un ordre cyclique. Chaque fois que les hommes [oeuvrent, parlent ou agissent], ils coupent en travers un mouvement qui est sans but et qui tourne à l’intérieur de soi. »(Arendt, la Crise de la Culture, II, i)

D121 « Le travail qui est le mien, sortant les choses de l’état de communauté où elles étaient, a fixé ma propriété sur elles [...]. La propriété est fondée sur le travail. Certainement, c’est le travail qui met différents prix aux choses. Qu’on fasse ré­flexion à la différence qui se trouve entre un arpent de terre où l’on a planté du tabac ou du sucre, ou semé du blé ou de l’orge, et un arpent de la même terre qui est laissé commun, sans propriétaire qui en ait soin. Et l’on sera convaincu entière­ment que les effets du travail font la plus grande partie de la valeur. »(Locke, Traité du Gou­vernement Civil, §28-40)
D122 « L’esclavage [...] fut une tentative pour éliminer le travail, que les hommes partagent avec les animaux, de la condi­tion humaine : ce que les hommes ont de commun avec les animaux, on ne le considérait pas comme humain [...]. L’oeuvre et ses produits, le décor humain, confère une certaine permanence, une durée à la futilité de la vie mortelle [...]. Par la parole, l’agent s’identifie comme acteur, annonçant ce qu’il fait, ce qu’il a fait, ce qu’il veut faire [...]. Toutefois, c’est l’ac­tion, qui se consacre à fonder et à maintenir des structures politiques en créant la condition du souvenir, qui est le plus étroitement liée à la condition humaine de natalité : le commencement inhérent à la naissance ne peut se faire sentir dans le monde que parce que le nouveau venu possède la faculté d’agir, d’entreprendre du nou­veau. »(Arendt, Condition de l’Homme Mo­derne, i-iii)
D123 « La loi est nécessairement générale. Or il est certains objets sur lesquels on ne saurait convenablement statuer par voie de dispositions générales. Là où il est précisément impossible de le faire, la loi ne saisit que les cas les plus fréquents. La faute n'en est pas davan­tage au législateur, mais elle est toute entière dans la particularité même de l'action à juger. [...] Ce qui fait que tout ne peut s'exécuter dans la Cité par le seul moyen de la loi. »(Aristote, Éthique à Nicomaque, 1137b)
D124 « Dans la mesure où toute action, bonne ou mauvaise [...] détruit nécessairement le cadre des structures prévision­nelles, le totalitarisme ne tend pas vers un règne despotique sur les hommes, mais vers un système dans lequel les hommes sont de trop [...]. La terreur totalitaire, dans sa pré­tention à instaurer le règne direct de la justice sur la terre, consiste à faire en sorte qu’aucune forme d’action humaine ne puisse y faire obstacle. »(Arendt, le Système Totali­taire, iv)


D211 « Je compris que j'étais une substance dont toute l'es­sence ou la nature n'est que de penser, et qui, pour être, n'a besoin d'aucun lieu, ni ne dépend d'aucune chose matérielle. De sorte que ce moi, l'âme par laquelle je suis ce que je suis, est entièrement distincte du corps, qu'elle est plus aisée à connaître que lui, et qu'encore qu'il ne soit point, elle ne cesserait pas d'être tout ce qu'elle est. »(Descartes, Discours de la Méthode)
D212 « Parmi les corps naturels, cer­tains ont la vie (le fait de se nourrir, de croître et de dépérir par soi-même) et certains ne l’ont pas [...]. La vie, pour les vivants, c’est la forme et non la matière [...]. C'est cela qu'est l'âme de l’animal, car, l’âme disparue, il n’y plus d’animal, bien qu’il y ait en­core de la matière, de même que le bois n'est lit ou trépied que parce qu'il est déjà cela en puissance. »(Aristote, Parties des Animaux, I, i)
D213 « Le corps humain est affecté d'un très grand nombre de façons par les corps extérieurs, et lui-même disposé à af­fecter les corps extérieurs d'un très grand nombre de façons. Et tout ce qui arrive dans le corps humain, l'esprit humain doit le percevoir. [Bref], l'esprit et le corps sont une seule et même chose conçue tantôt sous l'attribut de la pensée [du point de vue de l'infinité dans l'espace et le temps], tantôt sous l'at­tribut de l'étendue [du point de vue de la limitation dans l'espace et le temps]. »(Spinoza, Éthique, III, 2)
D214 « Nous parlons d’esprit’, de ‘mental’ pour justifier que certains de nos jugements sont indéterminés, mais c’est cette indétermination qui explique l’utilisation de ces mots, et non l’inverse [...]. C’est à cause de notre désaccord sur les motifs, les croyances, les sentiments des gens que nous adhérons à l’image trompeuse de quelque chose qui est caché à l’intérieur de l’esprit. »(Wittgenstein, l’Intérieur et l’Extérieur)
D215 « Ces deux aspects de notre vie s'opposent donc l'un à l'autre comme le personnel à l'impersonnel [...]. D'une part, notre individualité, d'autre part, tout ce qui, en nous, exprime autre chose que nous-même. »(Durkheim, le Dua­lisme de la Nature Humaine et ses Conditions Sociales)
D216 « Le corps nous cause mille soucis par la nécessité où nous sommes de le nourrir, à cause des maladies qui sur­viennent, des innombrables sottises [qui] nous ôtent la possibilité de penser [...]. Aussi longtemps que notre âme sera mê­lée à cet élément mauvais, jamais nous ne pourrons posséder la vérité, [car] l’âme est vérita­blement enchaînée et soudée au corps et forcée de considérer les réalités à travers le corps comme à travers les bar­reaux d’un cachot. Mais, lorsqu’elle examine quelque chose seule et par elle-même, elle se porte là-bas vers les choses pures, éternelles, immuables. »(Platon, Phédon 66b-82e)
D217 « La division du monde en deux domaines comprenant, l’un ce qui est sacré, l’autre ce qui est pro­fane, tel est le trait distinctif de la pensée religieuse [...]. Est sacré ce que le profane ne doit pas, ne peut pas impunément toucher [...]. Les choses sacrées sont celles que les interdits protègent et isolent ; les choses profanes, celles auxquelles ces inter­dits s'ap­pliquent et qui doivent rester à distance des premières. Une religion est donc un système de croyances et de pra­tiques rela­tives à des choses sacrées, c’est-à-dire sé­parées, interdites. »(Durkheim, les Formes Élémentaires de la Vie Reli­gieuse, i)

D221 « Si les médecins n'avaient des soutanes et des mules, et que les docteurs n'eussent des bonnets carrés et des robes trop amples de quatre parties, jamais ils n'auraient dupé le monde qui ne peut résister à cette montre si authentique [...]. Mais il faut qu'ils prennent ces vains instruments qui frappent l'ima­gination à la­quelle ils ont affaire [...]. Voilà à peu près les effets de cette faculté trom­peuse. »(Pascal, Pensées, B82)
D222 « Tout se passe comme si les hommes étaient réellement transportés dans un monde spécial, peuplé de forces ex­ceptionnellement intenses qui les envahissent et les métamorphosent. Comment les cérémonies rituelles de la vie sociale, ne laisseraient-elles pas l’impres­sion qu’il existe effectivement deux mondes hétérogènes et incomparables entre eux ? L’un est celui où l’on traîne, languis­sant, sa vie quotidienne ; au contraire, on ne peut pénétrer dans l’autre sans entrer aussitôt en rapport avec des puissances extraordinaires. »(Durkheim, les Formes Élémentaires de la Vie Religieuse, iii)
D223 « C'est parce qu’il est le plus intelligent des êtres que l'homme a des mains. [Aussi est-il] à la fois conforme à la nature et avantageux que le corps soit commandé par l’âme, [car] la matière est à la forme ce que la femelle est au mâle dans la génération. »(Aristote, Parties des Animaux, 687a)
D224 « La division du travail n’acquiert son vrai caractère qu’avec la division du travail matériel et du travail intellectuel. A cette occasion, la classe dominante commence toujours par se dispenser du travail manuel [...]. A toute époque, les idées de la classe dominante sont donc les idées dominantes [...] : les pensées dominantes ne sont rien d’autre que l’expression en idées des conditions matérielles dominantes, ce sont ces conditions conçues comme idées, donc l’expression des rapports so­ciaux. »(Marx, l’Idéologie Allemande)
D225 « Les catégories logiques sont d'abord des catégories sociales [...]. Aussi, l'homme n'est pas dupe d'une illusion, quand il se croit en relation avec une puissance supérieure qui lui est extérieure, en un sens, et d'où lui vient ce qu'il y a de meilleur en lui. Sans doute, il se représente d'une manière erronée cette réalité ; mais il ne se trompe pas sur le fait même de son existence. La raison d'être des conceptions religieuses, c'est de fournir un système de notions ou de croyances qui permette à l'individu de se représenter la société dont il fait partie, et les rapports obscurs qui l'unissent à elle [...]. En même temps qu'elle est transcendante par rapport à chacun d'entre nous, la société nous est immanente. »(Durkheim, Cours sur les Origines de la Vie Reli­gieuse)



D311 « L'homme se constitue pour-soi par son activité pratique, parce qu'il est poussé à se trouver lui-même, à se recon­naître lui-même [...] dans ce qui s'offre à lui extérieurement. Il y parvient en changeant les choses extérieures, qu'il marque du sceau de son intériorité et dans lesquelles il ne retrouve que ses propres déterminations. L'homme agit ainsi, de par sa li­berté de sujet. »(Hegel, Esthétique, 1)
D312 « Le souverain bien consiste en l'exercice de la vertu, ou (ce qui est le même) en la posses­sion de tous les biens dont l'acquisition ne dépend que de notre libre-arbitre [...]. Ainsi je n'approuve point qu'on tâche à se tromper en se repaissant de fausses imaginations, car tout le plaisir qui en revient ne peut toucher que la superficie de l'âme, laquelle sent une amertume intérieure. »(Descartes, Lettre à Élisabeth, 6 oct.1645)
D313 « Rien ne nous plaît que le combat, mais non la victoire [...]. Ainsi dans le jeu, dans la recherche de la vérité : on aime à voir, dans les disputes, le combat des opinions ; mais de contempler la vérité trouvée, point du tout. Pour la faire re­marquer avec plaisir, il faut la faire voir naître de la dispute. Nous ne cherchons jamais les choses mais la recherche des choses [...]. Ce n’est pas qu’il y ait du bonheur, ni que la vraie béatitude soit dans le lièvre qu’on court à la chasse : on n’en voudrait pas s’il était offert. »(Pascal, Pensées, B135-139)
D314 « L’homme est naturellement paresseux. On dirait qu'il ne vit que pour dormir, végé­ter, rester immobile ; à peine peut-il se résoudre à se donner les mouvements nécessaires pour s'empêcher de mourir de faim [...]. Les passions qui rendent l'homme inquiet, prévoyant, actif, ne naissent que dans la société. Les bonnes institutions sociales sont celles qui savent le mieux dénaturer l’homme. Ne rien faire est la première et la plus forte pas­sion de l'­homme après celle de se conserver. »(Rousseau, Essai sur l’Origine des Langues)
D315 « L’autarcie [autarkheïa] se trouve dans l'activité intellectuelle du sage [qui] est la seule qui soit aimée pour elle-même, car il ne résulte rien de cette vie que la science et la contemplation, tandis que dans toutes les autres activités, on poursuit tou­jours un résultat plus ou moins étranger à l’activi­té. On peut donc dire que le bonheur consiste dans le loisir [skholè] : on ne travaille que pour arriver au loisir, on ne fait la guerre que pour obtenir la paix. [...] Le bonheur est une activité de l’âme conforme à la [nature humaine] puisque le but principal de l’éducation est de devenir apte à mener une vie de loisir. »(Aristote, Éthique à Nicomaque, 1100-1337b)
D316 « Dire à un homme qu’il vive en repos, c’est lui dire qu’il vive heureux ; c’est lui conseiller d’avoir une condition tout heureuse qu’il puisse considérer à loisir sans y trouver sujet d’affliction. Ce n’est donc pas entendre la nature. Aussi les hommes, qui sentent naturellement leur condition, n’évitent rien tant que le repos, il n’y a rien qu’ils ne fassent pour chercher le trouble [...]. Ce n’est pas cet usage mol et paisible, et qui nous laisse penser à notre malheureuse condition, qu’on re­cherche, [...] mais c’est le tracas qui nous détourne d’y penser et nous diver­tit. [...] Condition de l’homme : inconstance, ennui, inquiétude. »(Pascal, Pensées, B135-127)

D321 « Ils ont un instinct secret qui les porte à chercher le divertissement et l'occupation au-dehors, qui vient du ressen­timent de leurs misères continuelles ; et ils ont un autre instinct secret, qui reste de la grandeur de notre première nature, qui leur fait connaître que le bonheur n'est que dans le repos ; et de ces deux instincts contraires, il se forme en eux un pro­jet confus, qui se cache à leur vue dans le fond de leur âme, qui les porte à tendre au repos par l'agi­tation. »(Pascal, Pen­sées, B139-172)
D322 « Toutes les activités qui ne sont pas liées au travail sont considérées comme des "passe-temps" [...] : ce sont les loisirs (qu'il ne faut pas confondre avec la skholè antique, le loisir) [...]. Tous les loisirs de l’animal la­borans ne sont consacrés qu’à la consommation et plus on lui laisse du temps, plus ses appé­tits deviennent insatiables. Les activités de chacun n’ont aucune finalité en soi.  »(Arendt, Condition de l’Homme Moderne, iii)
D323 « L’amour de soi [...] est content quand nos vrais besoins sont satisfaits, l’amour-propre qui se compare n’est jamais content et ne saurait l’être : en nous préférant aux autres, exige aussi que les autres nous préfèrent à eux, ce qui est impossible ; ce qui le rend essentiellement méchant est d’avoir beaucoup de besoins et de tenir beaucoup à l’opinion. »(Rous­seau, Émile ou de l’Éducation, iv)
D324 « Le moi est haïssable [...]. Le membre séparé, ne voyant plus le corps auquel il appartient, n'a plus qu'un être périssant et mourant. Cependant il croit être un tout, il croit ne dépendre que de soi [...]. Mais, comme nous ne pouvons aimer ce qui est hors de nous, il faut aimer un être qui soit en nous, et qui ne soit pas nous [...]. Or, le royaume de Dieu est en nous, est nous-mêmes et n’est pas nous. »(Pascal, Pensées, B455-483-485)
D325 « Plus nous sommes affectés d’une grande joie, plus nous passons à une perfection plus grande, plus nous partici­pons de l’être éternel et infini que nous appelons Dieu ou la Nature [...]. Or plus une chose a de la perfection, plus elle agit et moins elle est passive, et inversement plus elle agit et plus elle est parfaite [...]. Le bonheur n’est donc pas la récompense de la perfection, mais la perfection elle-même. C'est en ce sens que le bonheur consiste dans le véritable amour de Dieu. »(Spinoza, Éthique, IV, 45 - V, 41-42)
D326 « "Misère de l’homme sans Dieu !" disait Pascal. Misère de l’homme sans mission ni consécration sociale. [Car] ce que l’on attend de Dieu, on ne l’obtient jamais que de la société […]. Si la chasse compte autant que la prise, c’est que sa fonction est de faire sortir l’agent de l’indif­férence : il s’agit de remplir les fonctions que la société nous enjoint de remplir en jouant le jeu [...]. Mais tout sacré a son complémentaire profane, toute distinction produit sa vulgarité […]. Le jugement des autres est le jugement dernier, et l’exclusion sociale la forme concrète de l’enfer et de la damnation. C’est aussi parce que l’homme est un Dieu pour l’homme que l’homme est un loup pour l’homme. »(Bourdieu, Leçon sur la Le­çon)







La nature asociale de la névrose découle de la tendance à fuir la réalité insatisfai­sante pour se réfugier dans un mode imaginaire plein de promesses alléchantes. Or, ce monde réel que le névrosé fuit, c'est la société humaine avec toutes les institutions engendrées par les activités collectives, et en se détournant de cette réalité, le névrosé s’exclut de la communauté humaine. [Mais] les névroses présentent des analogies frappantes avec les grandes productions sociales de l'art, de la religion et de la philosophie. On pourrait presque dire qu’une hystérie est une œuvre d’art déformée, qu’une névrose obsessionnelle est une religion déformée, ou qu’une manie paranoïaque est une philosophie déformée. Ces déformations s’expliquent, en dernière analyse, par le fait que les névroses sont des formations asociales qui réalisent par des moyens individuels ce que la société réalise avec des activités collectives.
Freud, Totem et Tabou