lundi 25 octobre 2021

PAYSAGE CONTEMPLÉ, PAYSAGE SENTI, PAYSAGE VÉCU.

Dans un article intitulé Pratiques Sportives mises en Perspective (Alpes, Calanques Marseillaises), les auteurs, Aurélien Niel et Olivier Sirost annoncent avoir "pour objet d’introduire le concept de « paysage » dans le rapport que les sportifs entretiennent avec l’espace qu’ils investissent"1. D'entrée de jeu, ils affirment que "souvent considérés comme une soif de liberté, une recherche de calme ou d’aventure, les sports de pleine nature peuvent être également perçus comme une façon spécifique et toute contemporaine de faire l’expérience de la nature. Ils répondraient au « désir d’éprouver l’espace par tout son corps et de ne pas se contenter d’une attitude spectatoriale »". Cette remarque introductive, qui brille autant par ce qu'elle ne dit pas que par ce qu'elle dit, suggère l'abîme qui sépare les conceptions respectivement occidentale et chinoise de la notion de paysage et que révèle, notamment, la présence des deux mots-clés "liberté" et "expérience", très répandus dans le lexique occidental moderne mais sans équivalent littéral en chinois2. Je voudrais à cette occasion défendre l'idée qu'on peut, certes, appréhender un paysage à travers une "expérience de la liberté" au sens occidental courant de cette expression mais qu'on peut aussi, tout simplement, le "vivre" selon une conception toute différente de la relation de l'être humain au paysage, conception dont nous décèlerons néanmoins quelques traces dans l'évolution contemporaine de la tradition artistique occidentale.

vendredi 6 août 2021

"AUSWEIS*, BITTE !" ("laissez-passer, je vous prie !")



*Ausweis  : document d'identification délivré et exigé par les autorités d'occupation et par celles de collaboration pour avoir le droit de passer de la Zone Libre à la Zone Occupée et vice versa.

lundi 25 janvier 2021

MANIFESTE DU PARTI CONSPIRATIONNISTE.

Un spectre hante l’Occident : le spectre du conspirationnisme. Toutes les puissances du vieil Occident se sont unies en une Sainte-Alliance pour traquer ce spectre : le politique, le scientifique et le médiatique, Parly, Delfraissy et July1, les ministres, les experts et les journalistes. Quelle est l’opposition qui n’a pas été accusée de conspirationnisme par ses adversaires au pouvoir ? Quelle est l’opposition qui, à son tour, n’a pas renvoyé à ses adversaires de droite ou de gauche l’épithète infamante de conspirationniste ? Il en résulte un double enseignement. Déjà le conspirationnisme est reconnu comme une puissance par toutes les puissances d’Occident. Il est grand temps que les conspirationnistes exposent à la face du monde entier, leurs conceptions, leurs buts et leurs tendances ; qu’ils opposent au conte du spectre conspirationniste un manifeste du Parti lui-même2.

MANIFESTE DU PARTI CONSPIRATIONNISTE (suite et fin).

 (suite et fin de ...)

lundi 9 novembre 2020

"LES CONS, S'ILS SAVAIENT !"

 "Les cons, s'ils savaient !" ruminait Daladier face à la foule qui l'acclamait au lendemain des funestes accords de Munich en 1938, persuadée que la paix avait été sauvegardée au prix de quelques contorsions géo-politiques sans importance. En écho, Churchill, interpellant Chamberlain à la Chambre des Communes, déclara que le Royaume-Uni avait eu, en cette même occasion, "le choix entre le déshonneur et la guerre. Il a choisi le déshonneur et il aura la guerre". Chacun jugera, à la lumière de ses connaissances historiques, le degré de pertinence de ces prédictions. Aujourd'hui, nous claironne-t-on à propos de la "crise sanitaire" que nous traversons1, nous aurions le choix entre sacrifier la santé publique et sacrifier la vie sociale. Au motif que la santé serait une priorité absolue, les arithmétocrates2 français (entre autres) entendent donc sauvegarder la santé publique au prix de quelques futiles concessions sur la vie sociale. Les cons ! Ils ne se rendent pas compte qu'ils sacrifient tout à la fois la vie sociale ET la santé publique.

jeudi 1 octobre 2020

MARCHER SUR LA VOIE OU FLÂNER COMME EN NAGEANT.

Sur un forum de discussion, par ailleurs tout à fait remarquable, consacré à la marche nordique1, il est beaucoup question de compétition, d'effort, de technique, de matériel, etc., autant de thèmes qui, explicitement ou non, posent toujours plus ou moins la même question : comment faire pour optimiser l'effort et maximiser la vitesse ? Et même chez ceux et celles qui reconnaissent la légitimité des motivations non-compétitives (marcher pour se rééduquer fonctionnellement, marcher pour faire des rencontres, naturelles ou sociales, marcher pour se faire du bien, etc.), il y a toujours l'idée sous-jacente que sans la sensation d'un effort pénible (au moins occasionnellement) et sans la sensation de la vitesse, il ne saurait exister de satisfaction légitime. Il semble donc que, pour la mentalité occidentale tout au moins, forcer et aller vite soient des motivations nécessaires de tout mouvement bien accompli, fussent-elles à l'arrière plan d'autres objectifs. Bref, là où Marx disait que le capitalisme avait réduit le système de nos valeurs à une seule, la valeur monétaire, je dirais pour ma part que l'idéologie inhérente au capitalisme a réduit la valeur de tout mouvement à ces deux seules : effort et vitesse. C'est pourquoi je voudrais ici prendre le contre-pied de cette idéologie main stream en faisant l'éloge de la facilité et de la lenteur dans la marche et, tout particulièrement, dans la marche nordique en m'inspirant des enseignements du 道, dào (Tao), notamment en reprenant le titre du premier chapitre de l’œuvre de Zhuāng Zǐ : 逍遥游 (xiāo yáo yóu), littéralement "flâner loin comme en nageant".

mardi 7 avril 2020

PLATON, LAO-TSEU, PATANJALI : SAGESSES OU PHILOSOPHIES ?(1)

La première fois que j'ai lu les Yoga-Sûtra dans la traduction et avec les commentaires de Jean Bouchart d'Orval, le texte de Patañjali m'a paru éminemment philosophique. Puis, avec le recul du temps et l'utilisation que j'ai dû en faire, notamment dans ma conférence sur la dualité du corps et de l'esprit, cela m'a semblé de moins en moins évident, au point même que j'ai fini par en parler comme d'un exemple de "sagesse" et non plus de "philosophie". Depuis, j'ai lu plusieurs autres traductions et commentaires de ce vénérable texte et j'ai été frappé par le fait que tou(te)s les traducteur(trice)s et commentateur(trice)s que j'ai consulté(e)s le qualifiaient indistinctement de philosophie et/ou de sagesse. D'où le double problème qui s'est fait jour dans mon esprit : d'abord, doit-on considérer ces termes comme synonymes, sinon, lequel convient le mieux au Patañjali des Yoga-Sûtra ?2