La pensée occidentale a toujours eu un problème avec la notion de vie (cf. la Notion de Vie dans la Pensée Chinoise). En effet, obsédée depuis l'origine par l'alternative être/non-être, elle ne s'est quasiment jamais sérieusement intéressée au domaine du devenir par excellence que constitue la vie. De là une oscillation permanente entre l'ignorance méprisante de la part de la science (qui a tendance à ne voir dans la vie qu'une forme de mécanisme horloger perfectionné) et la fantaisie délirante de la part de la métaphysique (qui se plaît à en faire, soit un mystère transcendant, soit, tout au contraire, un mélodrame niais, une "pleurnicherie" comme le dit Frédéric Lordon). Du coup, comme l'ont remarqué un Nietzsche, un Bergson, un Proust ou un Wittgenstein, ce sont les artistes qui, en Occident, se sont vu confier le soin d'illustrer la vie. Ces derniers se sont, certes, fort bien acquittés de leur tâche mais ni les uns ni les autres ne se sont pas aperçus que deux pôles, apparemment aussi opposés, de la pensée humaine que sont les sagesses ancestrales pluri-millénaires et les avancées scientifiques les plus récentes ont elles aussi questionné la notion de vie. C'est donc sous ces deux faisceaux de lumière (qui, en réalité, ne font qu'un), plus précisément celui du taoïsme et celui de la physique quantique, que nous allons, à présent, tenter de l'éclairer.
lundi 12 décembre 2022
mardi 4 octobre 2022
PARADOXE, SCEPTICISME ET SIDÉRATION.
S'il est vrai que "la philosophie est un combat contre la fascination que des formes d’expression exercent sur nous"(Wittgenstein, le Cahier Bleu, 27), il est une forme d'expression qui nous fascine depuis toujours et qui, par conséquent, mérite certainement de susciter l'entreprise philosophique : c'est l'expression paradoxale. Admettons avec Julien Dutant que l'"on peut définir un paradoxe comme une conclusion apparemment inacceptable dérivée de manière apparemment valide de prémisses apparemment acceptables". Le cas des paradoxes sorites étant particulièrement intéressant, je voudrais développer à présent deux points qui me paraissent importants : d'abord l'idée que les paradoxes sorites ne sont pas une conséquence du caractère vague de certains prédicats mais plutôt du caractère inexistant des sujets auxquels on attribue ces prédicats, aussi précis soient-ils ; ensuite je montrerai que le paradoxe en général n'est rien d'autre que la forme d'une figure rhétorique au moyen de laquelle la connaissance savante entend clouer le bec de l'opinion et, partant, la décourager d'agir en produisant un discours exclusif sur ce qu'il convient de qualifier ou non de "réalité".
jeudi 15 septembre 2022
LA NOTION D'"INTELLIGENCE ARTIFICIELLE" ET LE MYSTÈRE DE LA CHAMBRE CHINOISE.
vendredi 2 septembre 2022
LA NOTION DE VIE DANS LA PENSÉE CHINOISE.
L'une des propriétés de la pensée occidentale est d'avoir fait de la vie une énigme. Une énigme parce que, d'emblée, il faut lui donner un "sens" : d'où vient la vie ? pourquoi y a-t-il de la vie ? quelle est la finalité de la vie ? à quelle(s) condition(s) une vie vaut-elle la peine (!) d'être vécue ? À défaut de répondre à l'une de ces questions, le vivant serait censé se complaire dans l'absurde, au point même, lorsque ledit vivant est un être humain, de préférer, pourquoi pas, la mort à la vie ! N'est-ce pas d'ailleurs là le risque que fait peser l'énigme posée à Œdipe par la Sphinge ? L'absence de "sens" de la vie humaine n'entraîne d'ailleurs pas nécessairement sa suppression ipso facto mais, parfois aussi, sa mise entre parenthèses en attendant … une "autre vie" dans un "autre monde". Comment s'étonner alors que le suicide réel y soit souvent considéré comme un acte héroïque et le suicide différé (résignation, mortification) y soit devenu synonyme de "sagesse" ? De fait, rares sont les penseurs occidentaux qui, à l'instar d’un Épicure, d'un Spinoza, d'un Nietzsche ou d'un Bergson, ont, sans ambiguïté et à contre-courant dominant, fait l'apologie de la vie dans sa plus banale simplicité. Cependant, l'Occident n'ayant jamais été et étant moins que jamais le phare d'universalité éclairant le monde, il nous semble intéressant d'aller voir un peu du côté de cet "autre pôle de l'expérience humaine" comme le dit Simon Leys, en l'occurrence se tourner vers la Chine "la plus ancienne civilisation vivante de notre planète [et sa] vision du monde, [sa] façon de concevoir les rapports de l’homme avec l’univers"(Leys, Essais sur la Chine, pp. 739-576) afin d'y sonder, effectivement, une AUTRE conception de la vie.