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mardi 5 décembre 2023

VIDE, NÉANT, ABSENCE, CHAOS, DISPONIBILITÉ.

Gilles Lipovetski fait en 1983 paraître un best seller dont le titre, l'Ère du Vide, semble auto-référentiel tant son propos est affligeant de banalité, s'appliquant lourdement1 à montrer que dans la société occidentale actuelle "tout fout l'camp", s'évertuant à exemplifier à son insu le dicton latin selon lequel vocaliora sunt vacua quam plena, "ce qui est creux est toujours plus sonore que ce qui est plein" ! En fait, le seul élément intéressant dans cet ouvrage de plus de 300 pages, c'est son titre qui mentionne un des symptômes de la post-modernité : la fascination pour le vide. L'homo occidentalis, en effet, n'a de cesse de vouloir se vider la tête, se vider les tripes, être zen, bien profiter de ses vacances (du latin vacuum, "vide"), vacances au cours desquelles il sera, paradoxalement, enjoint d'avoir des journées bien remplies, de faire le plein d'activités, d'émotions, d'images, de souvenirs, de rencontres, d'énergie, de bon air, etc. Et c'est bien ce balancement schizophrénique entre l'attrait pour le vide et l'horreur du vide qui est caractéristique de notre époque, tant il est vrai que l'obsession subliminale de notre civilisation est moins de faire le vide que de faire le plein (de "plénitude", d'argent, d'emplois, de diplômes, d'expérience, de carburant, d'ondes positives, …). Pourtant, comme le rappelle Trinh Xuan Thuan citant Léonard de Vinci, dans l'avant-propos de son ouvrage intitulé la Plénitude du Vide, "de tous les grands concepts que nous portons en nous, celui du néant est sans doute le plus fécond". Et c'est précisément cette fécondité du vide que nous allons à présent tâcher d'explorer en analysant successivement ses aspects métaphysiques, matériels, formels et enfin spirituels.

VIDE, NÉANT, ABSENCE, CHAOS, DISPONIBILITÉ (suite et fin).

(suite de ...)