LIRE IV : COMPREHENSION, INTERPRETATION ET AUTORITE CHEZ ARENDT, BOURDIEU ET WITTGENSTEIN.)
Il revient notoirement à la philosophie analytique d'avoir contribué à clarifier le statut sémantique de phrases comme "sept est un nombre premier", "les hommes naissent et demeurent libres et égaux en droit", "Dieu créa le ciel et la terre" ou encore "je déclare la séance ouverte", dans le sens où leurs conditions de satisfiabilité sont totalement différentes d'autres telles que "César fut assassiné aux Ides de Mars 44", "l'or est l'élément dont le numéro atomique est 79" ou bien "nous sommes aujourd'hui mercredi". Mais ce qui est extrêmement curieux, pour un courant dont il est à peu près admis que "ce qui [le] distingue [...] en ses divers aspects d’autres courants philosophiques, c’est en premier lieu la conviction qu’une analyse philosophique du langage peut conduire à une explication philosophique de la pensée et, en second lieu, la conviction que c’est là la seule façon de parvenir à une explication globale"(Dummett, les Origines de la Philosophie Analytique), c'est qu'il ne se soit guère risqué, tout au moins jusque très récemment1, à soumettre le langage littéraire à son analyse, langage dont le statut sémantique demeure obscur, lors même que le langage éthique, le langage juridique, le langage politique, le langage économique et le langage religieux ont fini par trouver grâce aux yeux des philosophes analytiques. L'objectif de cet article est d'essayer de comprendre les raisons de cette réticence mais aussi de montrer qu'il y a dans la philosophie de Wittgenstein, tous les éléments conceptuels d'une approche analytique approfondie de la spécificité sémantique2 des propositions littéraires.
Il revient notoirement à la philosophie analytique d'avoir contribué à clarifier le statut sémantique de phrases comme "sept est un nombre premier", "les hommes naissent et demeurent libres et égaux en droit", "Dieu créa le ciel et la terre" ou encore "je déclare la séance ouverte", dans le sens où leurs conditions de satisfiabilité sont totalement différentes d'autres telles que "César fut assassiné aux Ides de Mars 44", "l'or est l'élément dont le numéro atomique est 79" ou bien "nous sommes aujourd'hui mercredi". Mais ce qui est extrêmement curieux, pour un courant dont il est à peu près admis que "ce qui [le] distingue [...] en ses divers aspects d’autres courants philosophiques, c’est en premier lieu la conviction qu’une analyse philosophique du langage peut conduire à une explication philosophique de la pensée et, en second lieu, la conviction que c’est là la seule façon de parvenir à une explication globale"(Dummett, les Origines de la Philosophie Analytique), c'est qu'il ne se soit guère risqué, tout au moins jusque très récemment1, à soumettre le langage littéraire à son analyse, langage dont le statut sémantique demeure obscur, lors même que le langage éthique, le langage juridique, le langage politique, le langage économique et le langage religieux ont fini par trouver grâce aux yeux des philosophes analytiques. L'objectif de cet article est d'essayer de comprendre les raisons de cette réticence mais aussi de montrer qu'il y a dans la philosophie de Wittgenstein, tous les éléments conceptuels d'une approche analytique approfondie de la spécificité sémantique2 des propositions littéraires.