lundi 9 novembre 2020

"LES CONS, S'ILS SAVAIENT !"

 "Les cons, s'ils savaient !" ruminait Daladier face à la foule qui l'acclamait au lendemain des funestes accords de Munich en 1938, persuadée que la paix avait été sauvegardée au prix de quelques contorsions géo-politiques sans importance. En écho, Churchill, interpellant Chamberlain à la Chambre des Communes, déclara que le Royaume-Uni avait eu, en cette même occasion, "le choix entre le déshonneur et la guerre. Il a choisi le déshonneur et il aura la guerre". Chacun jugera, à la lumière de ses connaissances historiques, le degré de pertinence de ces prédictions. Aujourd'hui, nous claironne-t-on à propos de la "crise sanitaire" que nous traversons1, nous aurions le choix entre sacrifier la santé publique et sacrifier la vie sociale. Au motif que la santé serait une priorité absolue, les arithmétocrates2 français (entre autres) entendent donc sauvegarder la santé publique au prix de quelques futiles concessions sur la vie sociale. Les cons ! Ils ne se rendent pas compte qu'ils sacrifient tout à la fois la vie sociale ET la santé publique.

jeudi 1 octobre 2020

MARCHER SUR LA VOIE OU FLÂNER COMME EN NAGEANT.

Sur un forum de discussion, par ailleurs tout à fait remarquable, consacré à la marche nordique1, il est beaucoup question de compétition, d'effort, de technique, de matériel, etc., autant de thèmes qui, explicitement ou non, posent toujours plus ou moins la même question : comment faire pour optimiser l'effort et maximiser la vitesse ? Et même chez ceux et celles qui reconnaissent la légitimité des motivations non-compétitives (marcher pour se rééduquer fonctionnellement, marcher pour faire des rencontres, naturelles ou sociales, marcher pour se faire du bien, etc.), il y a toujours l'idée sous-jacente que sans la sensation d'un effort pénible (au moins occasionnellement) et sans la sensation de la vitesse, il ne saurait exister de satisfaction légitime. Il semble donc que, pour la mentalité occidentale tout au moins, forcer et aller vite soient des motivations nécessaires de tout mouvement bien accompli, fussent-elles à l'arrière plan d'autres objectifs. Bref, là où Marx disait que le capitalisme avait réduit le système de nos valeurs à une seule, la valeur monétaire, je dirais pour ma part que l'idéologie inhérente au capitalisme a réduit la valeur de tout mouvement à ces deux seules : effort et vitesse. C'est pourquoi je voudrais ici prendre le contre-pied de cette idéologie main stream en faisant l'éloge de la facilité et de la lenteur dans la marche et, tout particulièrement, dans la marche nordique en m'inspirant des enseignements du 道, dào (Tao), notamment en reprenant le titre du premier chapitre de l’œuvre de Zhuāng Zǐ : 逍遥游 (xiāo yáo yóu), littéralement "flâner loin comme en nageant".

mardi 7 avril 2020

PLATON, LAO-TSEU, PATANJALI.

VIDEO (Première partie et Deuxième partie)1.

RESUME.


La première fois que j'ai lu les Yoga-Sûtra dans la traduction et avec les commentaires de Jean Bouchart d'Orval, le texte de Patañjali m'a paru éminemment philosophique. Puis, avec le recul du temps et l'utilisation que j'ai dû en faire, notamment dans ma conférence sur la dualité du corps et de l'esprit, cela m'a semblé de moins en moins évident, au point même que j'ai fini par en parler comme d'un exemple de "sagesse" et non plus de "philosophie". Depuis, j'ai lu plusieurs autres traductions et commentaires de ce vénérable texte et j'ai été frappé par le fait que tou(te)s les traducteur(trice)s et commentateur(trice)s que j'ai consulté(e)s le qualifiaient indistinctement de philosophie et/ou de sagesse. D'où le double problème qui s'est fait jour dans mon esprit : d'abord, doit-on considérer ces termes comme synonymes, sinon, lequel convient le mieux au Patañjali des Yoga-Sûtra ?2