Dès 1945, Hannah Arendt prophétise l'avenir du sionisme.
"[Le sionisme est] un nationalisme inspiré de l’Allemagne, [qui] soutient qu’une nation est un corps organique éternel, le produit de la croissance naturelle et inévitable de qualités inhérentes et [qui] explique les peuples non pas en termes d’organisations politiques mais de personnalités biologiques supra-humaines, [...] un chauvinisme raciste [qui] ne diffère pas d’autres théories de la race des maîtres [...].
[Dans un foyer national juif] "les Juifs “victorieux” vivraient environnés par une population arabe entièrement hostile, enfermés entre des frontières constamment menacées, occupés à leur auto-défense physique au point d’y perdre tous leurs autres intérêts et leurs autres activités. Le développement d’une culture juive cesserait d’être le souci du peuple entier ; l’expérimentation sociale serait écartée comme un luxe inutile ; la pensée politique serait centrée sur la stratégie militaire [...].
L’unanimité de l’opinion est un phénomène très inquiétant, caractéristique de notre âge moderne. Elle détruit la vie sociale et la vie personnelle, qui sont fondées sur le fait que nous sommes différents par nature et par nos convictions […] l’unanimité de masse n’est pas le résultat d’un accord, mais l’expression du fanatisme et de l’hystérie"(Hannah Arendt, Zionism Reconsidered (1), août 1945).