N'y a-t-il de sciences que mathématisées ? En effet,
a première vue ne sont-ce pas les expériences plutôt que les
mathématiques qui sont caractéristiques de la démarche
scientifique ? De plus la polémique qui entoure la mathématisation
des sciences de l’homme n’est-elle pas la preuve que le lien
entre sciences et mathématiques n’est en rien nécessaire, même
s’il s’est effectivement généralisé ?
I
- Les expériences scientifiques sont guidées par des concepts
construits a
priori.
A - une
science proprement dite [...] exige une partie pure sur laquelle se
fonde la partie empirique et qui repose sur la connaissance a
priori
des choses de la nature.
On
a tendance à croire que pour avoir la connaissance de quelque chose,
il faut en avoir une image fidèle, c’est-à-dire qui s’accorde
parfaitement avec la réalité. Or il y a là en effet l’idée que
“l’image
représente la réalité si et seulement si l’image ressemble à la
réalité de manière appréciable”(Langages
de l’Art,
I, 1). Mais ce qu’un portrait représente par exemple, c’est
forcément “l’un
des aspects, l’une des manières d’être ou d’apparaître des
objets, et pas n’importe laquelle”(Langages
de l’Art,
I, 2). Ce qui veut dire que l’auteur du portrait a déjà
sélectionné un certain aspect de la réalité à représenter, et
c’est seulement cet aspect pertinent que le spectateur pourra
connaître, et encore, à condition de savoir “ce
que l’image représente et la sorte de représentation qu’elle
est”(Langages
de l’Art,
I, 6). Donc pour que A soit une image fidèle de B, encore faut-il
savoir que A renvoie à B et que A représente B sous un certain
aspect pertinent C. Par exemple, l’image radiographique (A) est
celle du tibia du patient (B) et il le représente comme une fracture
(C). Donc “ce
que l’image doit avoir de commun avec la réalité pour la
représenter [...] l’image ne peut le représenter mais le
montre”(Tractatus,
2.17) : ce que l’on apprend à propos de la réalité (C) et qui
est commun à l’image (A) et à la réalité (B) doit être déjà
connu implicitement avant l’observation et reconnu à l’occasion
de cette observation, car l’information pertinente C se montre sur
A au milieu d’autres informations parasites. Cela dit, il est plus
facile de montrer C sur A que sur B car “l’image
est un modèle réduit de la réalité”(Tractatus,
2.12), il y a donc moins d’informations parasites. Or pour que “les
éléments de l’image soient dans un rapport déterminé qui
indique que les choses réelles sont entre elles dans le même
rapport”(Tractatus,
2.15). Bref, pour faire un modèle réduit et informatif de la
réalité, il faut sélectionner ce rapport déterminé à l’avance
(C), il faut donc une “connaissance
a priori
des choses de la nature”,
c’est-à-dire une connaissance préalable, ce que Kant appelle “une
partie pure”,
par opposition à “la
partie empirique”
qu’est l’observation proprement dite. En quoi consiste donc cette
partie pure ou a
priori ?
B
- Or, connaître une chose a
priori
signifie la connaître d’après sa simple possibilité
Si
une image ne nous fait pas connaître directement une réalité sur
laquelle nous n’avons pas un savoir préalable, c’est que “des
observations faites au hasard et sans aucun plan tracé d’avance ne
se rassemblent pas en une loi nécessaire, ce que recherche pourtant
la raison et dont elle a besoin”(Critique
de la Raison Pure,
III, 10). En effet, des observations sensibles faites au hasard
n’aboutissent jamais à la formulation de lois, de “règles
objectives en tant qu’elles sont nécessairement attachées à la
connaissance de leur objet”(Critique
de la Raison Pure,
IV, 92). Or la nécessité n’est autre que “la
connexion avec le réel déterminée suivant les conditions générales
de l’expérience possible”(Critique
de la Raison Pure,
III, 186), conditions générales qui rendent possible une
expérience, c’est-à-dire une vérification par confrontation de
la représentation avec le réel. Donc ce qui fait des propositions
scientifiques des lois, c’est qu’“elles
ne sont que des déterminations particulières de lois plus élevées
encore qui procèdent a
priori de
l’entendement même et ne sont pas empruntées à
l’expérience”(Critique
de la Raison Pure,
III, 186), autrement dit elles sont déterminées par des principes
communs à toute science, principes qui ne sont pas empruntés à
l’expérience pour la bonne raison que ce sont eux qui guident
l’expérience. Voilà pourquoi “la
raison doit se présenter à la nature tenant d’une main ses
principes, [...] et de l’autre les expériences qu’elle a conçues
d’après ces mêmes principes”(Critique
de la Raison Pure,
III, 10). Ce qui veut dire que la connaissance scientifique prend
nécessairement appui sur une fonction qui engendre des principes,
c’est-à-dire des connaissances a
priori qui
sont les conditions de possibilité de toute expérience sensible.
Cette faculté des principes, c’est la raison qui impose a
priori à
toute expérience sensible des conditions de possibilités
universelles et nécessaires. Donc dans un premier temps, la
formulation d’un nouveau concept, d’une nouvelle définition
scientifique au sein d’une théorie n’indique que la possibilité
de l’existence d’une chose : “ce
qui s’accorde avec les conditions formelles de l’expérience est
possible”(Critique
de la Raison Pure,
III, 185). Ces conditions formelles sont les règles universelles et
nécessaires qui valident le concept scientifique, mais ne sont que
les conditions de possibilité, et non d’existence réelle, de la
chose désignée par le concept. Le concept scientifique a donc pour
fonction de faire connaître quelque chose a
priori,
car “connaître
une chose a
priori c’est
la connaître à partir de sa simple possibilité”.
Et c’est pour vérifier la réalité de l’existence de la chose
simplement possible d’après sa connaissance a
priori
qu’il va falloir procéder à une expérience. Comment vérifie-t-on
que ce qui est possible a
priori est
bien réel a
posteriori
?
C
- ainsi, connaître la possibilité de choses naturelles déterminées
[...] a
priori,
exige que l’intuition sensible correspondant au concept soit donnée
a
priori,
c’est-à-dire que leur concept soit construit
En
1644 Torricelli s’étonne de l’impossibilité de puiser de l’eau
à plus de 10 m de hauteur : la pompe est une sorte de seringue qui,
lorsqu’on déplace le piston vers le haut, crée du vide qui se
remplit d’eau à concurrence de 10 m de hauteur, après quoi, le
vide n’est plus rempli. Ce qui est fort étonnant car “il
est évident qu’il n’y a point d’espace dans l’univers qui
soit vide”(Principes
de la Philosophie,
II, §16). Contre Descartes, il pense que l’air exerce une force
qui pousse l’eau vers le vide jusqu’à ce que le poids de l’eau
exerce en sens contraire une force égale à la première. Ce qui
peut être considéré comme la définition d’une réalité
possible : la pression de l’air. Pour savoir si celle-ci est bien
réelle, il faudrait mesurer la force de l’air et le poids d’une
colonne d’eau de 10 m. Comme c’est impossible, il décide de
remplacer l’air ambiant par l’eau (773,4 fois plus dense) et
l’eau dans la seringue par le mercure (13,6 fois plus dense). Or
dans un récipient plein de mercure recouvert d’un certain volume
d’eau de poids p1,
la seringue ne peut aspirer le mercure que jusqu’à un certain
point au-delà duquel le vide ne se remplit plus. On note alors que
le poids p2
du mercure aspiré par la seringue est invariablement égal à p1.
D’où l’on déduit que dans la réalité “la
nature n’a aucune répugnance pour le vide, [...] et tous les
effets qu’on a attribués à cette horreur procèdent de la
pesanteur”(Traité
du Vide),
c’est-à-dire du poids de l’air. Mais avant d’arriver à une
telle conclusion, il a fallu que Torricelli admette a
priori :
“si le poids du mercure dans la seringue est égal au poids de
l’eau dans la cuve, alors, ce sera la preuve que, dans la réalité,
le poids de la colonne d’eau aspirée est égal à la pression
exercée par l’air”. C’est pourquoi il faut qu’une “intuition
sensible correspondant au concept soit donnée a
priori”,
c’est-à-dire que l’expérimentateur scientifique anticipe la
possibilité de percevoir tel ou tel phénomène. Cette possibilité
s’exprime par une série d’hypothèses (si ... alors ...) qui
vont constituer un modèle M où pour tout (x’,y’) appartenant à M, il existe (x,y) appartenant à R,
tels que “si y’=g(x’) dans M” (hypothèse), “alors y=f(x)
dans R” (déduction) : si dans le modèle le poids de l’eau est
égal au poids du mercure puisé par la seringue, alors dans la
réalité le poids de l’air sera égal au poids de l’eau puisé
par la pompe. L’expérimentation va donc chercher à vérifier
y’=g(x’) pour déduire y=f(x), c’est-à-dire affirmer la
réalité du concept y. Donc “connaître
la possibilité de choses naturelles déterminées a
priori
exige [...] que leur concept soit construit”,
et non pas découvert par l’expérience. Or, construire un concept
n’est-ce pas lui donner une forme mathématique ?
I - Apparemment, il n’y pas de science sans construction mathématique
de concept.
A
- or la connaissance rationnelle par la construction des concepts,
c’est la mathématique
“Seules
toutes les choses où l’on étudie l’ordre et la mesure se
rattachent à la mathématique, sans qu’il importe que cette mesure
soit cherchée dans des nombres, des figures, des astres, des sons ou
quelque autre objet”(Règles
pour la Direction de l’Esprit,
IV) : l’ordre c’est-à-dire les relations qui permettent
d’établir a
priori une
hiérarchie entre les objets (p.ex. lorsqu’on dit que toute vitesse
est nécessairement inférieure à la vitesse de la lumière), et la
mesure c’est-à-dire les relations qui permettent d’établir a
priori des
classes d’objets équivalents (p.ex. lorsqu’on classe des objets
d’après des mesures de longueur, de température, de masse, etc.).
On doit donc dire que les mathématiques s’intéressent aux
relations a
priori entre
objets plutôt qu’aux objets eux-mêmes, ce sont des moyens
commodes pour ranger (par ordre) ou classer (par mesure) des objets
réels, autrement dit d’établir des inéquations ou des équations.
De sorte que “la
géométrie n’est pas la connaissance des surfaces géométriques
par opposition à une science physique qui traiterait des surfaces
physiques [...] mais le rapport de la géométrie à la physique est
celui de la possibilité à la réalité”(Grammaire
Philosophique,
§17) : la géométrie énonce les conditions de possibilité a
priori de
l’existence des objets physiques en général. Or “celui
qui sait une proposition mathématique ne doit encore rien savoir,
car la proposition mathématique ne peut fournir qu’une armature
pour une description”(Remarques
sur le Fondement des Mathématiques).
Prenons comme exemple d’armature, le concept de cellulose tel que
C6H12O6
= P(C ; O ; H), P étant la fonction de photosynthèse
chlorophyllienne telle que C6H12O6
= 6H2O+6CO2-6O2.
L’expérimentation de Mayer en 1845 consiste donc à vérifier que
les composants élémentaires sont les mêmes à droite et à gauche
du signe =. Bref, “l’essentiel
de la méthode mathématique, c’est que l’on travaille sur des
équations”(Tractatus,
6.2341). C’est donc dans l’équation (ou l’inéquation) que
réside la découverte scientifique : avant Mayer, on ne savait pas
que la substance végétale (cellulose) n’est rien d’autre que le
résidu, lorsqu’on a isolé l’oxygène, d’une combinaison d’eau
et de gaz carbonique rendue possible par la présence de chlorophylle
et d’énergie solaire. Donc “l’équation
ne fait connaître que le point de vue duquel on considère les deux
expressions, à savoir l’égalité de leurs
significations”(Tractatus,
6.2323), point de vue a
priori qui,
s’il est confirmé expérimentalement, deviendra une loi
scientifique. C’est pourquoi apparemment “la
connaissance rationnelle par la construction de concepts, c’est la
mathématique”.
En quoi cette connaissance est-elle rationnelle ?
B
- en
conséquence [...] une pure théorie de la nature concernant des
choses déterminées de la nature n’est possible qu’au moyen de
la mathématique
Toutes
les révolutions scientifiques ont donc consisté en une nouvelle
manière de considérer la réalité, qui tient tout entière dans
l’équation y=F(x), et où y est le concept construit par
application d’une fonction mathématique F. Il s’ensuit
apparemment que “dans
toute théorie de la nature il ne se rencontre de science proprement
dite qu’autant qu’il s’y trouve de connaissance a priori, [...]
que dans la mesure où la mathématique pourra s’y
appliquer”(Critique
de la Raison Pure,
IV, 470). Sauf qu’il ne va pas de soi que la connaissance a
priori ne
puisse se trouver que dans les mathématiques. Car ce qu’il y a
d’universel et de nécessaire (donc de rationnel) dans la
formulation mathématisée, c’est qu’elle indique précisément à
quelles conditions le possible devient réel. Mais cette rationalité,
contrairement à ce croit Kant en pleine période des Lumières, ne
concerne pas les prémisses de la démonstration. Par exemple le
cinquième postulat d’Euclide selon lequel par un point extérieur
à une droite ne passe qu’une seule parallèle à cette droite ne
peut servir à décrire scientifiquement que des objets de notre
espace quotidien. Lorsque nous disons qu’un objet possible a la
forme d’une ligne droite, nous nous imposons de le voir comme “un
levier qui ne peut pas plier, comme forgé dans un matériau
infiniment dur”(Leçons
sur l’Esthétique,
II, 27). Mais si l’on s’intéresse aux espaces courbes qui
contiennent les objets dont traite l’astrophysique un tel axiome
n’est plus valable parce que les notions de ligne droite ou de
matériau infiniment dur y sont contradictoires. Bref, “la
géométrie est la grammaire des propositions qui traitent des objets
dans l’espace”(Remarques
Philosophiques,
§178), c’est-à-dire l’ensemble des règles préalables
auxquelles doit se conformer une connaissance rigoureuse des objets
physiques, mais il n’y a pas de grammaire universelle et
nécessaire, celle de l’espace euclidien à trois dimensions n’est
pas celle d’un espace courbe à n dimensions. Dire que les
principes mathématiques ne sont pas rationnels, cela implique-t-il
que la construction a
priori de
concepts pourrait ne pas être mathématisée ?
C
- par
suite, tant qu’on n’aura pas trouvé de concept se rapportant aux
actions chimiques des matières les unes sur les autres, qui puisse
se construire, [...] la chimie ne saurait être qu’une pratique
systématique ou une théorie empirique, mais jamais une science à
proprement parler
Avant
que J.Dalton construise en 1803 “un
concept se rapportant aux actions chimiques des matières les unes
sur les autres”,
le concept d’eau tel que H2O
= F(H ; O) = H2+O,
la chimie n’est pas une science mais “une
pratique systématique ou une théorie empirique”.
Or une théorie empirique suppose à la fois le langage (théorie) et
l’expérience (empirique). Sa dépendance à l’égard du langage
tient à ce que “nous
apprenons la plupart des choses, la plupart des traits
caractéristiques du soi-disant monde extérieur par l’intermédiaire
du langage”(le
Domaine et le Langage de la Science,
ii). Plus précisément, la fonction d’une théorie a toujours été
d’importer a
priori de
l’ontologie dans le langage ordinaire en vertu du principe que “est
réel ce que l’on admet comme valeur pour les variables de la
théorie”(la
Poursuite de la Vérité,
§10), si pour tout x appartenant à D
F(x)=y alors y existe bel et bien,
(Neptune est réelle comme valeur de la fonction “objet qui
perturbe l’orbite d’Uranus etc.”). Bref, “les
objets physiques comme les dieux ne trouvent place dans notre
conception que pour autant qu’ils sont culturellement postulés”(les
deux Dogmes de l’Empirisme,
vi), autrement dit ils n’ont de réalité que dans la mesure où
ils voient leur existence justifiée par une théorie. Certes, cette
justification théorique doit être confirmée expérimentalement,
d’où dépendance de la théorie à l’égard de l’expérience.
Mais “on
peut, en cas d’expérience récalcitrante, soit modifier certains
énoncés théoriques, soit
préserver
la vérité de la théorie en alléguant une hallucination”(two
Dogmas ...,
vi), c’est-à-dire la puissance de l’a
priori est
telle que non seulement il guide l’expérience, mais il demeure son
juge en dernière instance. Même si la “théorie
empirique”
fait suite à une “pratique
systématique”,
c’est-à-dire propre à satisfaire des besoins sociaux, la théorie
une fois culturellement assumée fournira les connaissances a
priori qui,
au moyen du langage ordinaire, inciteront à voir la réalité
toujours sous le même aspect. Bref, si toute connaissance théorique
est nécessairement a
priori, en
revanche il n’est pas nécessaire qu’elle soit mathématisée. Il
faut donc admettre que “si
le mythe des objets physiques est supérieur à celui des dieux de
l’Olympe, c’est qu’il s’est révélé être un instrument
plus efficace”(les
deux Dogmes de l’Empirisme,
vi) : la seule chose qui puisse expliquer la supériorité historique
de la science mathématisée c’est qu’elle nous rend “comme
maîtres et possesseurs de la nature”(Discours
de la Méthode,
vi). C’est-à-dire que si la science “n’est
pas simplement un pouvoir de comparer des phénomènes mais une
législation pour la nature”(Critique
de la Raison Pure,
IV, 93), alors elle trouve son prolongement dans la technologie qui
n’est autre que l’application systématique des lois à une
nature dont on entend se rendre maître : en fait, c’est la
technique, pas la science, qui a un besoin impérieux des
mathématiques. On voit alors l’utilité de mathématiser les
sciences de l’homme : “la
méthode scientifique, qui a permis une domination de la nature de
plus en plus efficace, a fourni les concepts purs [...] qui ont
favorisé une domination de l’homme par l’homme de plus en plus
efficace, à travers la domination de la nature”(l’Homme
Unidimensionnel,
VI). Domination théorique d’abord à travers le prestige d’un
discours scientifique qui, dans notre culture, est gage de pureté et
de neutralité, et qui conditionne les classes dominées à se
résigner à leur sort. Domination pratique ensuite à travers
l’efficacité des applications technologiques “qui
donnent plus de confort à la vie et qui augmentent la productivité
du travail”
(l’Homme
Unidimensionnel,
VI), bref qui poussent à consommer et à produire pour le plus grand
profit de la classe dominante. Finalement, la mathématisation des
sciences est moins une nécessité rationnelle qu’une volonté de
domination de la nature, notamment de la nature humaine.
Conclusion.
L’activité scientifique se fonde sur une connaissance a
priori qui
nous indique la possibilité de l’existence d’une entité dont la
réalité doit ensuite faire l’objet d’une confirmation
expérimentale dans des conditions imposées elles aussi a
priori. Or
même si les mathématiques fournissent les règles a
priori de
construction de concepts scientifiques en formulant dans des
équations des hypothèses sur la façon dont il faut voir la
réalité, la mathématisation des sciences est historiquement
contingente et socialement perverse.